Poésie dans les chais

Se parler avec des mots choisis - écouter ce que des paroles prononcées peuvent avoir de singulier - voir le texte entendu.

Poésie dans les chais nous en offre l’occasion depuis treize ans maintenant. L’événement conçu autour des écritures contemporaines, élargi cette année aux arts plastiques et à la musique, ouvre le cycle des vendanges à Jurançon. Rien de complaisant dans la programmation de ces rencontres inusitées. Ce sont, bel et bien, des pratiques artistiques, résolument contemporaines qui voisinent avec celles plus traditionnelles du travail de la vigne. Le point commun, s’il faut en trouver un, est que personne n’a envie d’oublier que nous avons tous un corps et que l’activité de l’esprit en dépend.

Les invités, poètes, musiciens et artistes, s’entendent tous sur la volonté de faire sortir le poème de la page imprimée. Pour eux, la poésie vivante est reliée aux sensations physiques. Les poètes présents aiment se tenir debout et lire à voix haute, ils partagent avec les musiciens l’usage du souffle et des rythmes.

Ce fut le cas avec le concert « performé » de Stéphane Garin dont la musique oscille entre électroacoustique et mélodie tonale, mais aussi avec la poésie teintée de légèreté amusée de Jean Michel Espitalier ou encore les pop up poétiques déjantés de Nicolas Vargas. Impossible de citer tous ceux qui étaient présents, mais pour chacun d’entre eux, la poésie se dit, s’entend et se ressent à partir d’une présence corporelle singulière.

La poésie a du corps comme le vin et le texte est une matière vivante. Lorsqu’elle est rendue spectaculaire - au sens de « adressée à des spectateurs » - il devient facile d’accorder une attention particulière au son des mots. Au lieu de s’enfouir dans la page, on est projeté dans l’espace du moment présent.

Didier Bourda est à l’origine de ce festival. Lui-même, poète, dit souvent qu’organiser un festival peut être une autre manière d’écrire. Cette année, l’ensemble de la manifestation s’est ouverte davantage à la musique et aux arts visuels en lien avec le festival accès)s( qui se tenait aux mêmes dates et à travers une exposition dont le commissariat était confié à Francois Loustau. Les lieux choisis, depuis l’édifice de la Commanderie qui date du XIIe siècle, jusqu’aux chais des propriétés viticoles, renforcent de leur énergie propre les moments passés entre leurs murs. Les paysages traversés pour aller d’un endroit à un autre ne font pas seulement décor pour l’événement, mais ils y participent et parfois même comme force motrice. La campagne est belle en cette saison, résolument verte et les Pyrénées écoutent aux portes (sic).

Il ne reste plus qu’à attendre que soit « écrite » l’édition 2017 de Poésie dans les chais. Peut-être autour du texte poétique qui s’affiche ? Il en a été un peu question…. .