La poésie nous fait gagner du temps (bis)
Il y a souvent quelque chose à voir dans le travail poétique de Nicolas Vargas. Sa présence d’auteur est souvent in-discrète dans le sens où il a définitivement choisi de ne pas s’effacer derrière les mots. Soit il les profère en mouvement au cours de performances, soit il les donne à voir dans des publications qui accordent une grande place à leur aspect visuel. On peut le voir, si on n’a pas la patience d’attendre son prochain spectacle, dans des vidéos qui le mettent en scène en pleine activité poétique, ce qui dans son cas n’est pas une simple formule, car il est bel et bien un poète actif, et « drôlement » pathétique.
Dans ce théâtre visuel, il s’amuse et essaye d’amuser en composant des saynètes poétiques très animées mais il le fait sans effacer la trace de toutes les peurs sous-jacentes : celles de ne pas comprendre, de ne pas être compris, de « ne pas en être », de ne trouver que la déception au bout du chemin. Et alors on se rencontre, on partage à la fois les interrogations et le plaisir de la langue. On rit, et le rire qui agite le corps nous rend présent. On comprend et on accepte que la poésie nous fasse gagner du temps.
En plus d’être poète (mais est-ce vraiment en plus ? ), Nicolas Vargas anime L’ASSAUT Poésie nouvelle passée en revue, une revue thématique éditée deux fois par an par l’association ATI. Elle est le résultat des réponses écrites et picturales d’auteurs, mais aussi d’artistes.
Cette revue est profondément originale à tout point de vue. Son comité de lecture champêtre, selon ses dires, comprend toujours une personne qui lit très peu, la ligne éditoriale est flottante pour ne se priver d’aucune surprise, et la conception graphique applique élégamment les principes du « do it yourself ». On peut en savoir plus long, et s’abonner à peu de frais (autre option forte pour la revue) en allant visiter son site.
Monique Larrouture Poueyto