Les montagnes pyrénéennes comptent de nombreuses fermes et élevages ovins. Chaque année, je constate que la plupart de nos voisins éleveurs se retrouvent encombrés de la laine des brebis. Elle part au feu ou au fumier. Il y a encore 50 ans, les laines des nombreuses races de moutons étaient des matières précieuses et utiles à de nombreux usages. Aujourd'hui, elles sont considérées comme un sous-produit agricole.
Depuis 2020, je m'associe à différents éleveurs pour valoriser leur laine. J'organise des chantiers de tri de toison et fais laver et carder la laine dans une micro-filature en Ariège. L'ensemble de mes œuvres est réalisé en circuit court avec une matière première locale. Mon travail porte sur l'habit-habitat nomade. De la cape de pèlerin à la tente en laine, j'aime explorer cette matière pour en faire ressortir son pouvoir sensoriel et narratif.
A l'occasion de ce nouveau cycle de résidence, je souhaite dans un premier temps cartographier les contours de ce nouveau projet intitulé La Colporteuse. La Colporteuse est une œuvre performative transhumante qui aura pour but de valoriser le patrimoine lainier des Pyrénées. À travers une série de capes de berger confectionnées en feutre de laine, je ferai office de boîte de colporteur et j'inviterai le public à la fois à s'immerger dans des récits intimes d'acteurs de la filière (de l'éleveur à la filature) mais aussi à découvrir des gestes liés à ces pratiques (de la tonte au cardage de la laine).
Une « matériauthèque » permettra d’appréhender d'une manière sensible et ludique à la fois les différentes races de brebis mais aussi les étapes de transformation de la laine.
Parallèlement à cette « mise à plat de projet », je souhaite mener des expérimentations sur le marquage des brebis à partir de couleurs végétales avec ISINA. J'alternerai des temps d'atelier avec des temps sur le terrain chez des éleveurs pour participer à une transhumance le 15 juin prochain vers les estives.