Je mène une recherche sur les cires de deuil, un artisanat et de nombreux rituels largement répandus dans le Pays Basque et les Pyrénées jusque dans la seconde moitié du XXe siècle. Ces bougies faites de cire filée étaient communément brûlées lors d’enterrements et de cérémonies religieuses pour symboliser la présence des défunts et leur protection. Plus rarement, elles étaient utilisées en tant de guerre ou d’épidémie pour protéger la ville. On leur associe le symbole de la vie éternelle. Leurs appellations et les coutumes variaient au gré des vallées. Il en existait une multitude de formes, parfois très complexes et souvent rattachées au savoir-faire de l’artisan local.
Recueillir les mémoires, les gestes, les rites, faire parler les écrits, allumer les mots.
Pour ce deuxième temps de résidence, je souhaite développer deux axes de cette recherche :
D’une part, poursuivre cette quête documentaire en profitant de ma présence sur le territoire pour rencontrer et échanger avec des habitants, religieux et autres acteurs locaux. J’ai déjà pu croiser quelques anecdotes et j’ai l’espoir d’en apprendre davantage et peut-être d’apercevoir quelques collections personnelles de cires ou de textiles. Cette matière narrative sera le support et le fil conducteur des productions à venir dont tout l’enjeu est de donner à voir, à considérer cette mémoire vivante et passée.
D’autre part, il s’agira de développer des premières pièces pour confronter ces récits théoriques à une relation tangible avec la matière et la technique ; l’apprivoiser, la faire parler. Je souhaite ériger une série de lettres en métal sur le modèle des argizaiolas (la cire filée est enroulée autour d’une planche en bois gravée), sur lesquelles seront inscrits des récits qui apparaîtront une fois la cire consumée. Ces bougies sculpturales seront indépendantes et dessineront des mots dans l’espace selon que l’on déambule ou les manipule.
J’ai également amené un petit métier à tisser pour tenter, entre deux soudures ou cafés, de tisser du fil de cire avec d’autres matériaux. L’idée persiste depuis la première résidence de concevoir des pièces textiles qui seraient amenées à s’embraser en même temps que la cire se consumerait. La question est de savoir si la cire se laissera faire.