J’ai le plaisir de revenir au Bel Ordinaire pour poursuivre mon travail sur les cires de deuil, des bougies et un artisanat funéraires pyrénéens grisants. Une passion partagée avec Julie Laymond, de l’association Coop, qui compose une exposition collective sur le sujet à la Citadelle de Pampelune l’automne prochain et au BO ensuite.
J’entame donc la préparation des pièces qui y seront présentées, en poursuivant d’une part les recherches engagées autour des dentelles, pour leur pouvoir graphique et leur habile jeu avec la transparence. Je compte réaliser une série de “ tissus à message ” de très grande taille avec la technique du filet noué. Ces compositions brodées seront activées dans des dispositifs scéniques de vidéoprojection, dont la chromie numérique entre merveilleusement en tension avec l’écru du coton. Les dentelles accueilleront ainsi des formes d’écriture brève avec un travail typographique et sémantique étroitement lié aux cires de deuil.
D’autre part, je vais travailler sur une autre série de pièces textiles dont la plasticité permettra et invitera à l’embrasement : des tissus-foyer. Pour ce faire, je souhaite utiliser différentes physionomies de fils dont, en premier lieu, la cire filée conjuguée à des fils de coton et de cuivre. La rigidité de ce dernier permettra un travail en trois dimensions et son armature résistera tant bien que mal à l’embrasement de la bougie. Les fils de coton viendront tisser une enveloppe fugace avant de se consumer. L’étoffe ainsi brûlée déposera une trace cendrée sur des miroirs jonchant le sol.
J’envisage ce premier séjour de recherche de dix jours comme un moment de tissage mental et manuel. Mental en démêlant et structurant les fils de mes recherches pour en tirer un support judicieux de production . Manuel en maquettant et en explorant les différentes pistes formelles. J’aurai le plaisir d’entamer ces premiers jours de recherche avec Mari Campistron, acolyte de l’exposition avec qui j’ai réalisé un livre sur les cires de deuil dans le Pays Basque en 2023.