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New Way of Living

Sabine Delcour

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En prolongement des expositions, les Extras du Bel Ordinaire offrent un point de vue augmenté sur le travail d’un·e artiste, donnant à voir et à comprendre ses coulisses, son contexte, des entretiens ou des vidéos

Cet extra a été produit dans le cadre de New Way of Living, du 13 mai au 04 juillet

Je me définis autant comme artiste que comme auteur-photographe. J’ai suivi une formation universitaire en photographie et art contemporain tout en travaillant dans le monde de la presse. Ce va-et-vient entre ces deux univers a modelé mon rapport à l’image. Ils se sont parfois télescopés, contredits ou complétés.

La photographie est mon champ d’expression et m’accompagne ainsi depuis plus de vingt ans. Je l’utilise comme l’idée même d’une représentation, dans une sorte de proximité distante avec le réel.

Sabine Delcour

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Film documentaire sur le projet New Way of Living réalisé à partir d’archives filmiques et photographiques de 1994 à 2020. 12 minutes, réalisation Antoine Boutet.

1. Biographie

Née en 1968, Sabine Delcour vit et travaille à Bordeaux. Elle obtient une maîtrise de Sciences et Techniques en image photographique à l’université Paris 8 en 1994. Depuis elle a présenté son travail dans de nombreuses expositions, monographiques ou collectives, qui lui ont souvent permis de l’exporter au-delà de nos frontières.

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S’appuyant sur la prospection et la découverte des territoires, le travail de Sabine la conduit régulièrement à partir en résidence, comme en 2012 par exemple où elle était en Islande dans le cadre du programme Hors les murs de la Villa Médicis.

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Sa recherche et création artistiques font qu’elle est souvent invitée à les présenter en conférence ou à proposer des workshops dans l’enseignement supérieur en France et à l’étranger. Elle a à ce jour édité 3 catalogues.

2. Le photographique

J’utilise une chambre photographique argentique. Ce qui est incroyable avec cet outil, c’est la relation particulière qu’il instaure avec l’environnement. Je trouve qu’il développe une vraie conscience du rapport à l’espace. À partir du moment où l’on enclenche un châssis, on ne vise plus, on est face au paysage dans son ensemble.

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L’image inversée qui se forme sur le verre dépoli est extrêmement séduisante, j’essaye de contrer cette séduction, de fuir la banalité du beau, de me décaler. Au lieu d’utiliser un format horizontal habituellement approprié au paysage, j’ai opté dès le départ pour la verticalité et le grand format.

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L’image a cette faculté de se déployer au-delà de ce qu’elle désigne. Le caractère technique de son processus d’enregistrement, puisqu’il s’agit d’une production optique, n’en est pas moins la retranscription d’une image virtuelle et imprévisible.

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La création n’est liée à aucune nécessité, elle reste une action intuitive et viscérale. C’est pour moi une manière d’être présente et active dans le monde auquel j’appartiens.

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Conversation entre Antoine Boutet et Sabine Delcour, Bordeaux, 2020. Réalisation Antoine Boutet.

3. Travaux précédents

Après avoir travaillé sur des territoires habités, je me suis dirigée vers des paysages naturels, quasi sauvages, pour étudier le rapport que nous entretenons avec eux. Le paysage est une notion complexe, à la fois culturelle, politique et collective, mais nous l’appréhendons le plus souvent de manière individuelle et sensible.

Chacune de mes séries ordonne une parcelle de territoire où la géographie devient mentale, le paysage, un lieu rêvé. Il nous appartient, il nous ressemble. Il peut se lire comme une histoire, peut-être celle de la nature humaine.

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Lorsque j’arrive sur un territoire choisi comme sujet d’étude, je prends possession des lieux en les explorant. Y résider permet un temps de concentration particulier. C’est l’un des rouages de mon processus de création.

Bien plus qu’une délocalisation, qui pourrait être le simple fait d’être hors de chez soi, il est le point de départ d’une circonvolution. Au-delà, la légitimité culturelle de la résidence favorise la rencontre avec les habitants et les acteurs de la région qui peuvent devenir parties prenantes du projet.

Plus qu’habiter ailleurs, il s’agit d’être habitée par cet ailleurs.

- Les bâtisseurs, 2000

En 2000, le Centre d’art contemporain de Basse-Normandie invite Sabine Delcour à investir Hérouville Saint-Clair. Au cours des années 1960, ce village de 1000 habitants a été choisi pour accueillir à sa place une ville nouvelle dont la conception lui vaudra l’appellation de « Brasilia normande ». Elle l’habite, l’arpente et l’explore en questionnant les premiers arrivants. De ces témoignages naît un récit collectif donné à lire ou à entendre qui accompagne un corpus d’images de lieux communs à tous : le château d’eau, la tour de refroidissement de l’ancienne fonderie, le centre commercial. Elle montre une ville déserte, comme un retour à un état primitif qui amène à questionner les notions d’habiter et de faire ville ensemble.

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- Autour de nous, 2002-2005

Autour de nous, réalisé au Japon en 2002, est une installation où sont associées des photographies de maisons individuelles en construction et une maison en carton diffusant une bande sonore. On y entend une succession de voix livrant les rêves, les solitudes, les désirs d’hypothétiques habitants, témoignages de 150 anonymes qui ont accepté de répondre à 13 questions intimes. Cette mise en scène interroge la pertinence du mythe de la maison projetée comme refuge de nos identités et d’un bonheur possible.

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- Cheminements, 2005-2009

Cheminements, réalisé entre 2005 et 2009, rassemble un ensemble de chemins et de sentiers tracés dans la nature à l’écart des villes dans différentes régions de France. Au cours de ce travail, Sabine Delcour a commencé par collecter des histoires de vie. Elles ont nourri son imaginaire et ont été l’intermédiaire entre l’artiste et les paysages traversés. Cependant ces histoires sont restées en creux, invisibles et l’individu absent du cadre n’est perceptible que par la trace du passage, métaphore de sa présence au monde.

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- Bas Reliefs, 2010-2012

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Bas-reliefs est un corpus d’images réalisées en 3 temps de 2009 à 2012. Ces images montrent des espaces originels à ciel ouvert ayant en commun de dérouler des récits sur les profondeurs de la terre : la chute des Pyrénées dans l’océan, les cimes alpines en rez-de-nuage, une île au bord du cercle arctique. C’est un temps géologique, extrêmement long, abstrait à l’échelle de l’humanité, qui est donné à voir ici, et à travers lui le langage des pierres et de la Terre. Sabine Delcour interroge la manière dont l’humanité aujourd’hui renoue avec la nature en tentant d’en faire elle-même l’expérience.

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4. New Way of Living, naissance du projet

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Du Delta de la Leyre à l’Islande, en passant par les Alpes, mes derniers projets m’avaient éloignée des zones urbaines. J’ai eu envie de me rapprocher à nouveau des villes, de reprendre mes investigations dans un monde animé, connecté et habité.

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Mon premier voyage en Chine date de 1994, j’y étais entrée en bateau, j’y suis retournée régulièrement dans les années 2000 en collaborant avec Antoine Boutet sur son film-documentaireSud Eau Nord Déplacer. J’ai vu la Chine grandir, se métamorphoser, se développer, se numériser, se connecter.

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Pourquoi la Chine ?

Parce qu’avec ses mégapoles vertigineuses, ses échelles titanesques, ses projets pharaoniques et sa frénésie de planification, elle semble lancer un défi urbanistique à la nature et au monde. La Chine bat des records. Elle affiche les plus hautes tours du monde, fabrique des cités en plein désert, déplace les fleuves et les montagnes. En trente ans, ce pays est devenu une puissance économique et politique capable d’influer sur l’économie mondiale et sur l’équilibre écologique de la planète.

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Partenaires

New way of living est le fruit d’une coopération singulière entre une artiste à l’initiative du projet et des femmes de confiance, responsables de structures dynamisant la scène artistique de Nouvelle-Aquitaine, qui l’ont accompagnée dès les prémices de son travail de création et de production avec pour objectif une large diffusion.

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