Est-ce qu’elle trébuche ? Il se peut qu’elle marche vite et que son pied accroche quelque chose. Quelque chose d’assez costaud ou contrasté pour qu’elle s’y arrête, qu’elle l’emporte avec elle pour voir comment cela parle du reste. C’est une pierre d’achoppement, un simple caillou ou un point de i.
( …)
Comment ranger et classer les travaux ? Cartographier les territoires travaillés ? Comment ordonner les choses pour ne pas perdre ce qui interpelle au départ, ce qui fait heureusement trébucher ? Sophie Cure cherche alors des systèmes de classement déviés qui s’attachent aux détails. C’est par des prélèvements précis au cœur d’un projet, d’une œuvre, qu’elle extrait un mot-clé, un mot-matière* à poser sur la carte. Il n’y aura qu’à suivre les points. Il ne s’agit pas d’une démarche d’archiviste. Le système doit rester dynamique, accessible quotidiennement, au gré des journées de travail et des rebonds que font les choses d’elles-mêmes.
( …)
Il y a une explication à puceron. C’est un détail auquel elle s’accroche, une manière déviée de « faire archipel », de construire un réseau, dans le but secret (et sucré) d’y trouver de nouveaux territoires. Sophie Cure est une chercheuse convaincue. Dans les matières qu’elle laboure, les mots et les choses qu’elle arpente, elle en est sûre : tout n’a pas encore été découvert.
( …)
Certain.es diront qu’il s’agit là d’un simple jeu. Oui, dans ses travaux, il est presque toujours question de jeu, mais pas que. L’entreprise poétique de Sophie Cure est une affaire très sérieuse. Et à tout problème, il y a un jeu.
Clara Denidet