Propos d'Emma Cozzani - mars 2023
En prolongement des expositions, les Extras du Bel Ordinaire offrent un point de vue augmenté sur le travail d’un·e artiste, donnant à voir et à comprendre ses coulisses, son contexte, des entretiens ou des vidéos
Cet extra a été produit dans le cadre de Edenworld, une exposition de Emma Cozzani, du 05 avril au 24 juin
Propos d'Emma Cozzani - mars 2023
Sous la forme d'un jardin d'images, les œuvres des artistes d’Edenworld travaillent toutes la question de la vision et du regard, que ce soit en développant des protocoles à l’aide d’outil de tracking du regard (Jonas Lund) — outil réservé habituellement au champ du marketing — ou en évoquant de façon poétique voire politique les visions d’espèces animales sur leurs environnements, et les interactions qu'elles génèrent (Nicolas Gourault, Anne Marie Maes).
Photos © Marion Mallet, sauf mention contraire
Ces œuvres vont jusqu’à proposer des visions et des récits spéculatifs et alternatifs dans lesquels nous sommes invités à repenser notre place au sein du vivant ainsi que la pré-dominance de certains regards sur le monde (Laura Gozlan).
Certains artistes suggèrent des mondes dans lesquels la présence de l'homme semble incertaine (Thibault Brunet) ou au contraire dans lesquels l’humain devenu monde en soi devient un paysage à explorer à la rencontre de son intériorité (Mélodie Mousset).
Tandis que certaines images nous racontent leurs conditions low-fi de fabrication, et nous rappellent ainsi l'influence de l'environnement sur notre capacité à percevoir et à contempler le paysage qui nous entoure (Virginie Yassef) ; d'autres nous révèlent quant à elle les mécanismes de notre propre fascination face à l'image, dans une analyse qui semble nous renvoyer autant à nos normes sociales qu'à une forme de pulsion scopique* devenue collective par l'entremise des nouvelles technologies (Coralie Vogelaar).
*Scopique : relatif à une pulsion qui met en scène la dialectique entre regarder et être regardé, en particulier lors du développement de la phase dite du miroir.
Face à l'implacable analyse de la présence de ces images et de leurs emprises sur nos imaginaires, subsiste la possibilité d'explorer la nature hallucinatoire du réel par l'usage de drogues psychoactives, faisant ainsi émerger une vision troublée et subjective en prise avec des images hétérogènes et fantasmées (Suzanne Treister). La multitude de ces images produites par autant de subjectivités forme des mondes hybrides jusqu’à l'alliance inattendue de l’humain et de l’animal (Victoire Thierrée), peut-être comme une suggestion à repenser nos postures et nos manières d’habiter le monde avec les différents règnes du vivant.
— Emma Cozzani
Images de référence sur les questions : qui fabrique une image ? Quels dispositifs de regard et de captation de la vision ? Comment l'exposition évolue-t-elle vers l'évocation d'un jardin ?
+ Captation vidéo de la présentation du projet par Emma Cozzani à l'ÉSAD Pyrénées.