Depuis quatre ans, je garde des brebis l’été, en Vallée d’Aspe.
Le reste de l’année, je consacre mon temps à des créations centrées sur la couleur et le motif, pour des objets textiles d’intérieur comme des tapis feutrés, rideaux, papiers peints et tentures textiles.
Au BO, je souhaite travailler la laine et plus précisément développer mon nuancier de couleurs avec la teinture végétale.
À l’automne dernier, à la descente des brebis, j’ai récupéré les laines d’un des troupeaux que je gardais. Après avoir lavé ces toisons, je me lancerai dans un travail de couleur en teignant les laines progressivement. Le BO accueillant l'atelier de l'ISINA, c'est un endroit parfait pour travailler la couleur en teinture.
Le cosmos sulfureux, la camomille des teinturiers, la garance, le bois de campêche et la cochenille seront mes alliés pour obtenir des nuances de jaunes, oranges, violets, rouges et roses. En utilisant les 1er, 2ème et 3ème bains, je compte jouer avec les nuances d’une même teinte. Développer ce nuancier me permettra de complexifier mes motifs aux formes simples.
En parallèle, j’aimerais poursuivre une série de tentures textiles illustrant des moments d’estive et des paysages de montagne. Je réalise ces pièces avec la technique du tissu appliqué et des textiles de seconde main. Ces tentures témoignent d’une autre manière, de mon lien constant à la montagne, aux brebis, aux rencontres, et aux savoir-faire textiles.
Le Béarn est un territoire où j’ai créé des liens forts avec les acteurs.ices du pastoralisme. Ce temps au BO est l’occasion de mettre en avant, par la laine et les tentures, ces amitiés qui nourrissent ma démarche et la base de mon travail.
Après mon séjour de recherche, mai 2025:
Pendant ma résidence au BO, j'ai profité de l'atelier ISINA pour teindre des laines des races de brebis Manech et Basco-Béarnaise. En jouant avec les macérations et les différents bains de teinture, j'ai obtenu une dizaine de couleurs. Des jaunes, oranges et roses, vifs et soutenus, des dorés et ocres plus doux, un rose poudré et des sortes de roux chaleureux. La prochaine étape est d'envoyer des échantillons de ces laines colorées à Felletin aux ateliers de la Villa Châteaufavier pour les faire carder par des machines semi-industrielles et obtenir des plaques de couleurs pré-feutrées. Le cardage semi-industriel me permettrait de gagner en qualité de pré-feutrage. Je pourrai alors découper des formes plus précises pour composer des motifs un peu plus complexes.
J'ai à cœur de développer ma pratique du feutre en collaborant davantage avec des entreprises spécialisées dans certaines étapes du travail de la laine à savoir le lavage, le cardage et l'aiguilletage. La multiplicité des étapes dans la valorisation de cette fibre permet des partages de savoir-faire que je veux soutenir en travaillant avec d'autres artisan.e.s. Cela me permettra aussi de me concentrer davantage sur la recherche de couleurs et le dessin de motifs.
Parallèlement, je travaille sur un grand dessin textile, dans la suite des tentures précédentes, qui reprend le thème de la montagne, des chiens et des fleurs. Ce grand rideau servira de décor pour un festival autour du pastoralisme à l'automne prochain en Vallée d'Ossau.