L'Institut Supérieur des Impressions Naturelles Appliquées (ISINA) entame bientôt sa 4ème année de présence au sein du Bel Ordinaire.
L’activité de cet établissement, lieu de rencontre et de production artistique est un continuel soutien à l’ISINA. Nous pouvons toujours œuvrer, chercher, accompagner toutes les démarches d’une application de la couleur végétale, en repoussant les limites de celles jusque là acquises d’une manière académique ou empirique.

J’avais dessiné trois axes de travail fixés à mon arrivée au Bel Ordinaire dans lesquels les membres de l’ISINA s’inscrivent par des activités d’ateliers ou de commissions :

De la fleur à l’impression :
Le « flow » jardin présent devant le Bel Ordinaire nous permet de cultiver les plantes tinctoriales utiles à la fabrication de nos couleurs pendant l’année. Nous avions déjà essaimé l’idée d’une autonomie dans la création des couleurs avec la mise en place d’un jardin tinctorial au sein même du Collège Clermont à Pau. Il était le projet pilote qui donne les clefs à tous les membres de l’ISINA, aux professeurs d’art et d'arts appliqués, pour imaginer une approche transversale autour du jardin, au sein des établissements scolaires. Le prochain exemple d’application se construit grâce à l’une des membres de l’ISINA, Merry Lau, professeur d’arts appliqués.

Les membres de la commission de l’ISINA la couleur des sauvageonnes continuent à alimenter des recherches sur la saisonnalité des couleurs qui nous entourent et dont nous pouvons prélever quelques végétaux afin de les utiliser, selon une charte éthique du coloriste cueilleur dans laquelle nous encadrons cette pratique qui se doit de limiter elle aussi l’étendue de son impact sur l’environnement naturel immédiat.
Ces recherches seront restituées pendant le festival 2024 de l'ISINA, Les coulisses de la couleur végétale, le mercredi 30 octobre, via des tables rondes à destination du public, à la médiathèque André-Labarrère de Pau.

La commission de recherche sur l'Homologation des couleurs naturelles à finalité d’une application industrielle prend enfin forme en développant un partenariat avec l’atelier de Luma Arles. Nous souhaitons appliquer le même processus de tests et de solidités aux encres d’impressions végétales (textile, papier, bois etc.) afin de confirmer la validité de ces dernières.

Une palette de couleurs végétales :
Cette année, le fil rouge des week-ends de la création, qui se tiennent au BO en début de chaque mois, était celui de créer deux costumes (femme et homme) pyrénéens d’inspiration historique, entièrement sourcés avec des fibres locales (laines) ou à défaut, de seconde main et teints/imprimés avec des couleurs végétales. En parallèle de ces recherches et applications textiles, nous avons créé du papier à partir de feuilles de plantes cultivées par nos soins et teintées avec des plantes tinctoriales locales. Nous avons engagé ces multiples défis de mise en application d’une palette de couleurs végétales afin d’en démontrer la faisabilité.
Ces différentes pièces textiles et papiers seront présentés lors du festival de l’ISINA, Les coulisses de la couleur végétale du 30 octobre au 3 novembre (voir le programme ci-contre).

Une nouvelle philosophie de production :
Nous avons longtemps cherché un modèle pérenne pour rendre visibles nos actions et nos questionnements autour de la manière de produire, quelque soit le champs d’application que nous exerçons en introduisant la couleur végétale dans nos pratiques.

Plusieurs formats ont fini par s’imposer :

  • Celui des portes ouvertes du BO, le premier samedi de chaque mois. En rencontrant le public en visite des ateliers, nous partageons un temps d’échange précieux.
  • Le festival Les coulisses de la couleur végétale organisé par ISINA qui a pour ambition de rassembler les professionnels de tous horizons qui utilisent les couleurs naturelles, de préférence sourcées du végétal et d’intéresser un public le plus large possible à ces techniques et pratiques nouvelles qui s’inspirent d’une tradition déjà très ancienne.
    Cet événement ne met pas seulement en lumière les plantes tinctoriales et leurs dérivés mais aussi des métiers méconnus et des créateurs agissant trop souvent en coulisses. Soucieux de donner un modèle économique viable à leurs pratiques et leurs productions, beaucoup d’entre eux osent œuvrer à la (re)valorisation de la ressource naturelle végétale en prouvant, par des applications professionnelles, la validité de cet emploi et la possibilité de produire et
    créer d’une manière écoresponsable.
  • L’AG de l’association ISINA qui se déroule chaque année au BO, lors d’un des week-ends de la création. Cette assemblée est propice à rassembler tous les membres et a organiser des tables rondes à la rencontre d’acteurs qui se posent eux aussi la question d’une nouvelle philosophie de production.