Laver les pierres
Pour cette deuxième session de résidence de recherche, il s'agira de rester à l'atelier, de laisser sac à dos, chaussures de montagne et appareil photographique pour se consacrer à la production : impressions, modelage, écriture. Il s'agira de raconter une histoire, de créer de la narration en mettant ensemble ce qui a été ramassé et collecté. Il s'agira de donner à voir, de trouver le lien, le fil de la déambulation précédente.
Donner une histoire, comme une carte, comme des archives, fabriquer le témoin d'un déplacement en montagne le long de ces sources d'eaux. Mettre en forme cette installation photographique, emmener dans l'atelier ces chemins ; proposer un deuxième geste de travail.
Après ma résidence:
Ce texte en béarnais est un texte au randonneur que je n'ai pas croisé dans mon projet.
Je trouve qu'il fait sens.
A tu qui n’èi pas contrapassat,
Ploja, nèu e vent en per toa preséncia.
Tu, absent.
Qu’èi sentit l’arròca e l’aiga qui s’escor, lo sòu qui grata. Un còs d’aire de mothèra.
Ua sason com ua soletat, aqueras arròcas vueitas.
Que’m seràs déjà de manca. Que’s pareish non volèvas pas estar ací, e perqué ?
Un cèu e un sòu, arràs. Devath tons pès, tot que s’aclapa, mes que serà shens jo aqueth còp.
A man esquèrra, a man dreta, arren de tu.
Lahòra, a bèth còp, las toas shiuladas peu cèu molhós.
Que’m demandi, a qué pensas quan viatjas. Qu’ac sèi non m’ac diseràs pas.
Lhèu, èras juste aquí, au darrèr de las pèiras.
E que’s ditz que cau totun dise’t adishatz.
A toi que je n'ai pu croiser,
pluie neige et vent contre ta présence.
Toi, absent.
J'ai senti la roche et l'eau qui coule, le sol qui gratte. Un fond d'air humide.
Une saison comme une solitude où rien ne remplit ces roches.
Tu me manqueras toi déjà. Il paraît que tu préférais ne pas être là, et pourquoi ?
Un ciel et un sol, ras. Sous tes pieds, tout s'effondre, mais ce sera sans moi cette fois.
A gauche, à droite, rien de toi.
Au loin, parfois, tes sifflements dans le ciel humide.
Je me demande, à quoi tu penses quand tu voyages. Je sais que tu ne me le diras pas.
Peut-être étais-tu juste là, derrière les pierres.
Il paraît qu'il faut quand même te dire au revoir.