Ce qui n’est pas né est une pièce pour un danseur et un musicien. Dans un petit espace de jeu, dénué d’artifices techniques (amplification du son, lumière artificielle, etc) nous tenterons, grâce à un orgue positif et à nos corps en mouvement, d’attraper une matière mouvante, presque impalpable, qui, nous le croyons, se loge dans les traces du passé, qu’elle soit sous forme de partition, de danse ou d’image, et qu’il est possible d’activer non pas par un biais historiciste mais par le sensible, l’intuition et l’empathie.
Pour ce projet nous prendrons principalement appui sur deux principes : La Pathosformel, théorisée par Aby Warburg et l’idée de Diagramme, pensé par Bjorn Schmelzer, en essayant de les appliquer à nos pratiques (danse et musique).
Brièvement, la Pathosformel est une théorie qui défend l’idée qu’il se trouve dans nos imaginaires collectifs et individuels, des ressources qui - en dépit de notre âge, type, taille ou origine - nous permettent de faire du lien entre des œuvres, et plus généralement, à en ressentir une matière intemporelle, indescriptible et sensorielle émanant de chacune d’entre elles.
L’idée de diagramme, pensé par Bjorn Schmelzer, défend la théorie qu’une partition ancienne contient en elle une grande part de « virtualité », un message à découvrir entre les notes, que l’on peut, avec notre vision contemporaine, tenter d’extraire pour accéder non pas à une reconstitution historique mais à un instant de création et à une expérience sensible.
Ici l’idée sera donc d’aller chercher cette matière logée dans nos gestes, nos musiques, nos œuvres du passé. D’essayer d’en sortir une substance, de l’étirer, de la réduire, de la modeler, d’en modifier sa représentation, sa gestuelle, son cadre, de remettre en cause sa fonctionnalité.
Notre semaine de travail au Bel Ordinaire marquera le début de notre travail dans un espace pour ce projet. Nous tenterons donc, au cours de ces quelques jours, de poser les premières pierres de cette création, de tirer les grandes lignes de cette pièce.