Le projet pour lequel je viens en résidence au Bel Ordinaire se nomme Retable – souvenirs d’une création. C’est une pièce musicale et une installation sonore et visuelle en trois parties.
La première partie est la diffusion, via un rétroprojecteur, d’une succession de fragments picturaux tirés de L’Agneau mystique - célèbre retable des frères Van Eyck - avec une musique composée pour ces peintures. Construite comme des échos à l’œuvre, la musique accompagne le spectateur au sein de chemins créés par l’agencement des fragments, et tente, à sa manière, d’en révéler certaines parties volontairement occultées. Une première semaine de résidence à l’Atelier des Marches de l’Été m’a permis de poser les premières bases de cette partie. Je profiterai de ces jours au Bel Ordinaire pour les remettre en jeu, les questionner, les faire évoluer.
La seconde partie contiendra plusieurs récits de spectateurs nous partageant le détail d’un souvenir de création : les lignes d’une main sculptées, la lumière d’une pièce de danse, un accord de clavecin, etc. Initialement, je souhaitais lancer un appel à volontaires afin de recueillir auprès d’habitant-spectateurs ces souvenirs mais les restrictions sanitaires m’en empêchent. Quelque chose est donc à inventer sur place avec les personnes gravitant au sein même du lieu.
La troisième partie est une composition à l’orgue positif. Cette partie est aussi l’occasion pour moi d’amorcer un désir au plus long terme : l’écriture de pièces musicales pour instruments anciens.
Je rénove actuellement un orgue positif. J’espère pouvoir démarrer mes premières recherches sur cet instrument au Bel Ordinaire.
Après ma résidence, février 2021
Ces quelques jours au Bel Ordinaire m’ont permis de me pencher sur deux choses.
La première, que j’avais prévu avant mon arrivée, est l’enregistrement audio de personnes me parlant du souvenir d’une œuvre les ayant marqués (et en particulier un détail de celle-ci). Le contexte actuel ne m’a pas permis d’accueillir des personnes extérieures au lieu, je me suis donc exclusivement concentré sur les souvenirs des personnes présentes en résidence en même temps que moi et sur les personnes de l’équipe du BO. J’en profite pour remercier ici toutes les personnes qui ont bien voulu se prêter à l’exercice !
La deuxième est la construction d’une table lumineuse, qui est un des éléments constituant la scénographie de ce projet. Initialement, je n’avais pas prévu de me pencher là-dessus durant cette résidence mais un problème technique rencontré dès mon arrivée m’a contraint à revoir mon programme. C’est une très belle surprise car je suis très content du résultat qui est, il faut bien le dire, en très grande partie dû au travail d’Adrien Mérour, technicien au BO, mille fois merci à lui ! La conception d’un tel objet aurait été très compliquée pour moi sans les ressources matérielles et humaines d’un tel lieu. J’ai pu faire des tests avec cette table et de nouvelles impressions d’images, imaginer de nouvelles choses.
Pour conclure : me retrouver, en tant que musicien, immergé dans un espace principalement dédié aux arts visuels m’a poussé à m’écarter de « mon planning » de résidence imaginé en amont. J’ai pu alors me confronter à des choses plus inhabituelles pour moi, que je remettais peut-être bêtement à plus tard, mais essentielles à la bonne avancée de ce projet. La conclusion en est clairement positive.