La résidence L’Envers Des Pentes propose chaque année à une dizaine d’artistes de venir en refuge. Nous montons toustes dans un bâtiment différent rencontrer l’équipe, la montagne et tout ce qu’il s’y passe. Plus tard, une exposition collective circule entre différents centres d’art des Alpes. Le Bel Ordinaire, où je suis déjà venue en résidence de recherche - et pas plus tard qu'en octobre 2024 - m’accueille ce mois de novembre notamment dans l'atelier céramique pour un deuxième temps de fabrication des objets qui seront présentés dans cette exposition itinérante, cet hiver.
J’ai souvent travaillé en refuge, en tant que saisonnière : j’ai observé, j’ai fait le ménage, le pain, et beaucoup discuté avec les gens de passage ; mais j’ai eu peu de temps pour une activité artistique.
Cet été au refuge de l’Olan, j’ai passé du temps en cuisine, mangé de la tarte et aidé pour la vaisselle. J’aime les outils de la cuisine : beaucoup sont suspendus par des crochets ou des clous, les torchons sur un fil et les tabliers à la patère. Du métal riveté, de l’alu, de l’inox, des céramiques, du verre épais. Par la fenêtre, je regarde les allers-retours des promeneuses et des grimpeuses : la route, le village, le refuge, la montagne, et on redescend. J’ai envie de fabriquer des objets qui feront aussi le trajet. Ce seront des cadeaux pour la cuisine et pour l’équipe qui monteront à la saison prochaine. Tant pis pour les objets industriels ! Offrir un cadeau, c’est la situation rêvée pour fabriquer sur mesure et donner de la chaleur aux objets. Au refuge, on fait beaucoup de choses, mais surtout : on nourrit et on repose.
Après ma résidence, novembre 2024 :
Après mon séjour de production en novembre, je finalise les dernières pièces. Il s'agit principalement de surveiller et d'ajuster le séchage, qui reste délicat avec les terres mêlées. J'organise les cuissons au fur et à mesure. Avec Marion, l'organisatrice de la résidence en refuge, nous échangeons sur les possibilités de scénographie. Elle nous a transmis des photos et expliqué les contraintes d'organisation. Je lui envoie des croquis et des images, puis nous nous appelons pour discuter et préciser les idées. J'aimerais que l'on comprenne la circulation des pièces : qu'elles ont été imaginées et dessinées au refuge, puis précisées dans la vallée, fabriquées en plaine, bientôt exposées en vallée, et qu'au printemps, elles remonteront définitivement au refuge. C'est aussi le moment d'organiser le transport et l'arrivée des pièces sur le lieu de la première exposition.
Ce premier projet en altitude me réjouit, car il me permet d'aller très concrètement dans le sujet de "l'art en montagne". La résidence est organisée par une structure artistique, mais d'autres acteurs et actrices de la montagne y prennent part. Les discussions autour des refuges et de l'art qui ont lieu là-haut avec des personnes extérieures au réseau académique soulèvent de nouvelles questions. Je prends le temps de lire tout en écrivant des pistes pour de nouveaux projets artistiques (qui frôlent le design) en cabanes ou en refuges.