C’est l’automne au Bel Ordinaire. J’y reviens avec plaisir pour avancer sur plusieurs choses.
Dans le cadre de l’exposition collective Faiseurs de Troubles, imaginée par les régisseurs et commissaires Romuald Cailleteau et Adrien Mérour, je réalise plusieurs pièces. Une sorte de roue de la fortune, inspirée de l’imagerie du tarot, des rouets de fileuses et des meules d’affûtage. J’assemble des tresses d’acier, des cornières et des objets rouillés, glanés ça et là chez les ferrailleurs de la région. Quand j’y vais, je monte sur les tas, je farfouille, j’escalade des montagnes de fer ou de fonte. Chaque montagne a sa matière, et on ne mélange pas. C’est un paysage oxydé, des sortes de Pyrénées parallèles, un Mad Max béarnais.
Je planche également sur un travail à partir d’un ensemble de jetons de machine à sous, une collection récemment initiée. Les pièces brillantes se parent de motifs festifs ou ésotériques, parlent de chance, d’astres protecteurs ou « seulement d’amusement ».
Avec Fabrice Croux et Béranger Laymond, on discute fontaines à vœux, culture foraine, lumières d’arcade, troubles de la fête.
À côté de ça, je bosse sur une exposition personnelle qui aura lieu en septembre prochain.
Je travaille actuellement à la construction d’une sculpture-installation avec une classe de lycée professionnel en charpente. On parle de savoirs qui se transmettent, s’échangent à l’abri des regards, dans les marges des villes, et qui ne s’apprennent pas dans les livres. On fait des liens entre les inscriptions codées des charpentièr·es, les graffitis des abribus et les bouteilles à la mer.
C’est l’occasion de parler ensemble du Plancher de Jeannot dont l’auteur, Jean Crampilh-Broucaret, vivait tout près d’ici. À travers son témoignage épigraphique sensible, on se penche sur la permanence des mots, l’écriture de soi, sur ce que les outils peuvent transmettre au futur, ce qu’on peut écrire au burin.