Depuis de nombreuses années et dans de nombreux pays, nous voyons le peuple s’emparer de la rue contre les injustices sociales et environnementales, contre l’ordre établi, pour défendre des territoires, des droits et la liberté, pour tenter d’inventer et de construire des alternatives politiques.
Occuper la rue, c’est aussi l’habiter d’une manière vivante, y créer des formes nouvelles, être un groupe, s’exprimer à plusieurs. C’est un moment de « design » particulier où s’invente des costumes, des chants, des banderoles, des sculptures. Parfois violents et conflictuels, ces moments de rituels contemporains cherchent à tâtons de nouveaux outils pour s’exprimer et faire exister des revendications collectives. Trouver des nouvelles manières d’exercer le politique, c’est trouver de nouveaux outils autant que de nouveaux rites.
Notre projet de recherche porte sur la créativité qui se dégage des mouvements sociaux et sur la possibilité de l’artiste de la soutenir, à la fois par la technique (créer les formes et trouver les images) et par la possibilité de rituels (comment ces objets peuvent-ils vivre en situation).
Nous nous proposons d’imaginer, durant cette résidence de recherche au Bel Ordinaire, un travail textile et graphique autour du signe dans la ville, soulignant la dimension extraordinaire de ces objets de rituels et signifiant leur aspect collectif. Nous prendrons comme point de départ le textile, volant, gonflé, flottant ou autre. Comment un objet fragile, léger, peut-il s’élever et devenir signe ? Qu’est ce que cette toile légère - peut-être bariolée, peut-être figurative, peut-être banderole - pourrait signifier ?
Cette résidence de recherche va nous permettre de tester des formes, des mots, des flottements, des structures haubanées et des pistes d’envols, liés à nos deux pratiques respectives, pour imaginer les intégrer plus tard dans des moments collectifs de rassemblements.