SANG, TRACES & EMPREINTES
Depuis 2016, j’utilise du sang au sein de mes productions picturales et sculpturales. Grâce à différents procédés techniques, je ne cesse d’explorer les possibilités esthétiques et matérielles offertes par ce fluide organique. Il ne s’agit pas d’exploiter une vision funeste de l’hémoglobine, mais plutôt de rendre à nouveau visible le caractère positif et sacré de ce précieux liquide, sans lequel la vie est impossible. Une certaine forme de sublimation en somme, présente à plusieurs niveaux.
Le matériau en lui-même est magnifié, puisque montré sous une forme difficilement identifiable, libéré des connotations négatives qui lui sont associées, comme issu d’une mutation alchimique. Les ornements, à l’aspect géométrique et/ou organique, visibles à la surface de mes œuvres permettent au sang de se doter d’une dimension décorative renversant alors le répulsif en attractif. De plus, l’emploi du sang comme matériau de création permet de le déclasser : du déchet de l’abattage il devient médium artistique, renouant ainsi avec l’idée d’une source de création.

Lors de ma résidence au Bel Ordinaire, je souhaite poursuivre mon travail de recherche autour des traces et des empreintes, directes ou indirectes, matérielles ou immatérielles.
En novembre 2022, une résidence dans un atelier de gravure m’a permis d’expérimenter l’introduction du sang dans différents procédés d’impression. Ces premiers résultats se divisent entre prospections chromatiques et jeux de textures - évoquant une peau architecturale, minérale ou humaine - qui forment des étendues partagées entre surface et profondeur, derme et chair, ornement et ruine.
Cette nouvelle session de travail va donc se situer dans la continuité de ces expérimentations, en intégrant d’autres techniques d’impression, comme la sérigraphie ou le monotype, et en élargissant les supports qui enregistreront les traces et les empreintes, afin de mettre à jour, je l’espère, de nouvelles pistes d’exploration et de réflexion pour de potentielles futures productions.