Face à la déterritorialisation de nos modes de vie, je propose pour cette résidence au Bel Ordinaire de réaliser une recherche sur des outils festifs inspirés des rites folkloriques. Ces outils seront à destinations d’habitant.e.s souhaitant célébrer leur territoire.

Depuis la révolution industrielle, nous sommes de plus en plus éloignés des particularités de nos milieux de vie. Nous consommons, pour la plupart, des produits sériels et habitons dans des villes, banlieues ou zones pavillonnaires similaires d’un bout à l’autre du pays. Quelques décennies plus tôt, avant que l’exode rurale et la mondialisation change notre quotidien, les caractéristiques géographiques, matérielles et météorologiques faisaient partie intégrante de la vie. Les habitant.e.s tiraient profit de leur milieu pour se nourrir ou construire leur habitat. Chaque territoire avait ainsi sa propre identité que l’on célébrait lors de rituels, qui au fil des saisons reliaient une communauté à son milieu. Lors de ces évènements, les particularités d’un pays étaient représentées symboliquement par des parades costumés, des repas, des danses collectives ou des jeux. Ces formes incarnaient un territoire, elles transmettaient une culture locale.

Pour cette résidence de recherche, je propose de produire des modèles de costumes personnalisables à destination de nouveaux rituels locaux. En partant de deux typologies formelles, le costume de corps et le masque, j’explorerai dans un premier temps différents principes de transformation ; le camouflage, l’accumulation, l’excroissance.
Après avoir expérimenté ces principes de transformation, je développerai des patrons de costumes et de masques facilement réplicables par des habitant.e.s. Ces modèles seront conçus pour être augmentés de matériaux naturels ou artificiels grâce à des systèmes d’accroches et de tissage que je développerai. Ainsi, une fois personnalisés, ces apparats pourront formellement représenter leurs milieux de création.

Les patrons et plans de ces modèles de costumes auront vocations à l'issue de la résidence à intégrer l'organisation de carnavals militants dits "sauvages" par le biais d'ateliers collectifs de fabrication.