Ma démarche artistique interroge principalement la notion de tissage. Celle-ci est à la fois une pratique plastique et technique et une pratique conceptuelle où le tissage devient un mode de penser, concevoir et questionner des notions plus globales telles que le langage, la mythologie, le récit ou la transmission.
Mon travail de recherche autour de l’identité de Jacques Anquetil condense ces deux aspects : comment raconter l’histoire de Jacques Anquetil, un tisserand méconnu, dont l’existence est effacée par celle d’un homonyme, célèbre cycliste ? Ce work in progress tente donc de mettre en avant le travail et la vie du tisserand, tout en tissant systématiquement des liens avec l’univers du cyclisme. Il s’agit ainsi d’interroger le potentiel universel des objets, des outils mais aussi des philosophies et mythes qui leur sont associés.
Mon projet pour la résidence de création au Bel Ordinaire s’inscrit dans la continuité de ces recherches : il s’agira de fabriquer un métier à tisser à partir des morceaux d’un vélo Jacques Anquetil. Cette sculpture mobile associera l’univers de l’un à celui de l’autre, dans l’espoir d’entremêler les deux Jacques Anquetil, autant techniquement que symboliquement. Le métier à tisser Quand on s’appelle Anquetil il ne nous reste plus qu’à faire du vélo (titre provisoire) pourra être activé lors d’happenings, où les tisserands amateurs pourront saisir l’importance de l’interdisciplinarité dans l’évolution globale des techniques de déplacements et de fabrications industrielles. Un texte accompagnera cette sculpture, comme une sorte de description scientifique et poétique fictive de l’outil, afin d’injecter à nouveau une dimension mythologique tant aux pratiques et outils textiles qu’au cyclisme, dont les usages et les modes de fabrication sont aujourd’hui largement mécanisés et rationalisés. Quand on s’appelle Anquetil il ne nous reste plus qu’à faire du vélo sera finalement un tissage technique, sémantique, visuel et poétique.
Après ma résidence, février 2022:
Quand on s'appelle Anquetil, reste plus qu'à faire du vélo
Le projet artistique autour de l'identité de Jacques Anquetil est un tissage à la fois technique et sémantique. En découvrant par hasard l'existence de deux homonymes, Jacques Anquetil, j'ai initié un travail de recherche entremêlant textile et cyclisme. Il s'agissait au départ de raconter la vie du tisserand, en exploitant au maximum les liens qui conduisent au cycliste.
Pour poursuivre ces recherches techniques et philosophiques, je suis venue au Bel Ordinaire transformer un vieux vélo Jacques Anquetil en métier à tisser. Au fur et à mesure que la sculpture-machine prenait
forme, j'ai réalisé qu'il ne s'agissait plus de l'histoire du tisserand, pas plus qu'il ne s'agissait de celle du cycliste : un troisième Jacques Anquetil était né.
J'ai présenté le résultat de ces recherches lors d'une restitution dans la galerie éphémère du Bel Ordinaire. L'installation comprenait ainsi la sculpture mobile Quand on s'appelle Anquetil, reste plus qu'à faire du vélo, et un ensemble de textes retraçant la vie et le travail du Jacques Anquetil fictif. Ce personnage imaginaire se trouve à mi chemin entre les deux « vrais ». Son existence réinstaure le mythe de « Jacques Anquetil », entremêlant l'imaginaire à la réalité.