Si je fais le bilan de ma première année au Bel Ordinaire, je ne peux que m'en réjouir : l’activité de l’établissement et le brassage d’artistes et de personnes de différents horizons, m’ont permis d’ancrer l’activité de l'Institut Supérieur des Impressions Naturelles Appliquées (ISINA) sur le territoire local. En reprenant mes axes de travail fixés à mon arrivée au BO, je peux retracer le chemin parcouru et à venir :
De la fleur à l’impression:
Lors de différents événements et portes ouvertes, j’ai rencontré de nouvelles énergies pour m’accompagner dans la création du jardin tinctorial sur l’espace vert du BO. Nous avons construit des bacs qui accueilleront quelques variétés de plantes afin d’en extraire du jaune/vert, orange/brun, rouge et bleu. Les Chênes du site nous ont déjà permis de ramasser des noix de galles pour réaliser une très belle encre noire et la friche, face aux ateliers, a été riche cet été de plantes sauvages dont certaines donnent de très belles couleurs solides à l’U.V. et au lavage.
Grâce à ma page de résidence sur le site web du BO, l’école Pierre et Marie Curie et le collège Clermont m’ont contacté pour aborder la couleur à partir du végétal et, sous mes conseils, se lancer dans la création d’un jardin tinctorial au sein même de leur structure.
Le pari de démocratiser la couleur par la culture des plantes est gagné. Le projet pilote avec l’établissement scolaire accessible à tous, par ricochet, inspire d’autres parents/établissements qui projettent eux aussi la création d’un jardin tinctorial, certains au côté d’un potager, dans les murs de l’école.
Les commissions des membres de l’ISINA travaillent aussi depuis un an autour de cette idée de développement de jardin tinctorial et de glanage des plantes tinctoriales sauvages locales. Leurs retranscriptions se font via une carte interactive et un livre en libre accès sur le Centre de Ressources pour les Arts et les Cultures Numériques en région Centre-Val de Loire 

Une palette de couleurs végétales:
Quel accueil ! : En présentant la couleur végétale et le processus de transformation de la plante en pigment permettant la création de peinture, aquarelle, pastel… Les yeux de chaque artiste plasticien graphiste s’illuminent.
De sessions de création de laques pigmentaires végétales se sont donc mises en place et les prochains rendez-vous se feront lors des portes ouvertes du BO, accessible à tout public.
Quelques artistes résidants sont aussi venus à moi avec des problématiques particulières (encres végétales textiles à appliquer au pinceau, encres de sérigraphie à créer à partir de poussières de cailloux). Ces temps de recherche vont être dorénavant consignés dans un cahier de recettes afin de devenir un outil de travail pour les prochains artistes accueillis en résidence.

Une nouvelle philosophie de production:
Lorsque qu’une personne entre dans l’atelier de sérigraphie, elle est dorénavant sensibilisée sur le moyen de produire un visuel à imprimer 100% écologique et économique ! En m’inspirant de la pratique du Batik (création de visuel à la cire directement appliquée en réserve sur le tissu) et du pochoir papier, ancêtre chinois de la sérigraphie, j’ai développé depuis plus de deux ans une méthode d’impression plus artistique qu’artisanale et plus respectueuse de notre environnement. J'enseigne cette pratique depuis un an et des dessinateurs membres de l’institut comme Cyril Cabirol, s’en sont saisie pour développer des gammes textiles extrêmement propres lors des sessions d’impression mensuelles au BO.
À l'instar de la création lente des couleurs à partir des plantes, cette méthode d’impression impose de prendre du temps.
Forte de nos expériences collectives et riche d’une pratique artistique et artisanale, j’ai invité Ivan Bléhaut de la Maison des éditions, graphiste et sérigraphe en charge de l’atelier de sérigraphie du BO, à coéditer des fiches pratiques à destination des ateliers de sérigraphie ou des créatifs, désireux de transformer leur manière d’imprimer et tendent vers des impressions sérigraphiques écolo.
Enfin, suite au travail effectué avec Manon Arbelet, restauratrice d'œuvres textiles, lors de son mémoire portant sur la restauration d'un palempore du 18e siècle, nous avons pu imprimer les lacunes en sérigraphie manuelle avec des encres naturelles. Le travail réalisé sur cette pièce actuellement au Musée des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon sera présente au mois de juillet lors d’une semaine thématique alternant conférences et ateliers. Cet événement nous permettra de mettre en lumière cette restauration et la couleur végétale appliquée. Cette semaine qui se déroulera au BO sera l’occasion pour moi d’accueillir des grands noms de la couleur végétale et des chercheurs qui s’appliquent à la valoriser.
Ces axes de travail et de recherche sont ponctués par de la production personnelle mixant dorénavant une application de la couleur végétale textile mais aussi murale. De nouvelles collaborations me permettent d’investir d'autres champs artistiques tels que le design objet, en stuc marbre avec Amandine Antunez, et le Tuftage, pratique populaire émergeante.

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