Mes recherches plastiques et théoriques actuelles s’organisent autour des modes d’existence sous une organisation politique totalitaire, l’utopie relationnelle entre terriens, ainsi que l’humour, l’absurde et le grotesque comme outils de renversement des rapports de domination. J’emprunte les lunettes de la science-fiction et de l’anthropologie pour créer un décalage avec la familiarité du monde. Mes sources de création s’étendent des sciences humaines aux contre-cultures, cultures populaires et artisanales, jusqu’à la littérature, et s’épanouissent allègrement dans le jeu de l’expérimentation plastique.
Larves ! est une performance mettant en scène trois costumes d’insectes. Durant la résidence au Bel Ordinaire, je développerai des recherches en sérigraphie et assemblage textile pour réaliser un costume à taille humaine de la sangsue Hirudo Verbana*. Lors de cette résidence, j’espère également rencontrer les savoirs entomologistes vernaculaires et scientifiques portés par les habitant.es de Pau et du Parc national des Pyrénées. Ces données nourriront l’écriture de la performance.
Ce projet de costume relève d’une tentative : renverser les rapports de force entre humains et non humains. Rejetés pour leur supposée laideur, envahissant les habitats et parasitant les corps humains, les insectes exercent une fascination proche de l’obscène. En générant un continuum plastique -voire une érotisation du lien- entre espèces a priori très éloignées, et en inversant les hiérarchies visible/caché ; beau/laid ; humains/non humains, ce costume encourage nos projections empathiques et nos liens d’interdépendances. Cette amplification grotesque nous invitera à imaginer une utopie biologique résistante aux catastrophes écologiques issues des activités humaines.
*Espèce-compagne développant une relation symbiotique avec les humains à travers des pratiques médicinales ancestrales, Hirudo Verbana est actuellement proche de la disparition totale tant ses milieux de vie ont été détruits par l’activité humaine.