Pour moi, la typographie est une discipline essentielle - qui nous accompagne tous au quotidien - parce qu’elle régit la manière dont un texte est imprimé, de la page en passant par le paragraphe, jusqu’à la forme du caractère utilisé. Aussi, je souhaite lors de cette résidence mettre en avant le caractère omniprésent et universel de l’outil typographique pour donner à voir et à réfléchir sur son importance et ainsi provoquer des questionnements, autant chez les novices que chez les experts.
Certains caractères typographiques ont un but technique et sont destinés à l’impression d’un annuaire et/ou à faciliter l’écriture d’un langage ; alors que d’autres sont purement esthétiques et utilisés pour des enseignes ou des graffitis. Dans les deux cas, ce sont toujours les mêmes lettres, mais dont les usages poursuivent des buts différents.
Le questionnement est moteur dans ma démarche, et commence par exemple lorsque qu’on se demande quel pourrait être le packaging d’une police de caractères, produit à l’origine digitale et à l’existence numérique ? Poursuivant le questionnement, quelle est la viabilité d’une presse à imprimer imprimée en 3D ? Alors que le metaverse arrive et nous force à une nouvelle dimension virtuelle, comment évolue la mise en page ? En espace ? Comment la forme d’un signe peut-elle induire une tonalité poétique ? Des questions plus pointues peuvent trouver une réponse typographique ; par exemple comment faciliter la composition des mathématiques sur un ordinateur ? Aujourd’hui des solutions existent mais restent complexes et réservées aux professionnels. Comment ouvrir cette pratique ?
Je vois deux buts à une expérience : obtenir et archiver des données ; confirmer ou infirmer la viabilité d’une hypothèse. Cette résidence sera le terrain d’évolution de tous ces questionnements traduits par des expérimentations. Elle sera aussi l’occasion de réfléchir à une théâtralisation de la présentation des travaux en cours.
Après ma résidence, janvier 2022:
Après ces deux semaines, je suis rassuré d’avoir pris la décision de scinder ma résidence de recherche en deux temps.
Ce premier temps a permis d’activer certaines expériences et parallèlement de réfléchir aux discours qui les accompagnent. J’ai trouvé le soutien nécessaire au sein de l’équipe du Bel Ordinaire, en échangeant librement, ce qui m’a permis de fournir un cadre cohérent à mes expérimentations. Les questionnements et objectifs sont maintenant plus clairs. Ce premier temps relativement théorique, a toutefois permis l’amorce de certaines expériences - à poursuivre sur le deuxième temps - et la création d’un outil prototypique dédié à l’archivage et aux captures vidéos des recherches via l’iPad.
L’interlude, entre ces deux moments de résidence sera l’occasion de faire des recherches, et des choix, pour affiner les objectifs et le programme à venir. Si le premier temps était axé sur la théorie et l’activation de projets à l’échelle micro-typographique (construction et dessin de la lettre en elle-même), le second amènera des explorations au niveau macro-typographique (la répartition dans une zone définie, un support qui peut être physique ou numérique) et en direction de nouvelles perspectives de lecture en lien avec notre époque; toujours dans le but d’inviter qui le souhaite à se questionner sur la place et l’importance de la typographie ; le tout en tentant d’apporter des clés de compréhension pour cet univers omniprésent mais parfois ignoré.