Il y a dans mon travail une porosité entre création et curation. J’ai, d’une part, une pratique de la photographie qui embrasse les champs de l’édition et de l’installation ; et, d’autre part, j’organise (et co-organise) des événements, des fêtes et des expositions, comme autant de prétextes pour permettre la rencontre, traduire des gestes, provoquer des expériences. Le travail autour de l’archive occupe une place majeure dans mes projets, et la recherche que je compte mener dans le cadre de cette résidence se trouve au croisement de ces dynamiques.
Je développe, depuis 10 ans, un travail autour de la free-party, l’abordant sous un angle à la fois architectural et anthropologique : étudiant les espaces qui y sont produits, leurs formes et leurs effets. En parallèle, depuis 2013, je m’occupe de Zines of the Zone, plateforme itinérante dédiée aux zines et aux livres auto-édités de photographie, qui se déplace de lieu en lieu pour proposer des événements à partir de son fonds. À mi-chemin entre ces projets intervient la Bibliotek : une archive papier dédiée aux cultures rave et free-party.
Partant du constat que l’arrivée d’Internet a davantage favorisé les supports numériques (webzines, forums) j’ai réalisé que, contrairement à la scène punk qui a laissé une large documentation derrière elle, peu de productions physiques restent associées aux origines de la culture techno illégale. Les zines réalisés ces années-là sont devenus introuvables et il m’a semblé nécessaire de remettre la main sur ces publications afin de constituer un fonds. Un réseau d’acteurs et d’actrices du mouvement sera activé afin d’accéder à leurs collections personnelles et procéder à la ré-impression de ces zines à la manière d’un atelier nomade de copies pirates. Un travail de scénographie autour de cette archive sera engagé, une documentation accompagnera le projet, et une nouvelle édition de ma série Architecture de la teuf verra le jour.
Après ma résidence, mars 2025 :
Ces 5 semaines ont été pour moi l’occasion de disposer d’un temps précieux (que je n’arrivais par aucun moyen à aménager) afin de poser les bases de ce fameux projet de Bibliotek qui est actuellement visible dans la Galerie éphémère du Bel Ordinaire. C’est un projet assez ambitieux qui demandait de s’y dédier à plein temps sur une longue durée et le Bel Ordinaire m’en a donné pleinement les moyens. À ces 5 semaines de recherche s’ajoutent les chouettes rencontres faites en chemin, membres de l’équipe et artistes en résidence avec qui nous avons partagé de nombreuses discussions de travail, nos hésitations et nos coups de cœur et autres apéros ou repas… J’ai adoré profiter des fins de journée ensoleillées en allant faire un tour de vélo sur le boulevard (super, ce partenariat avec l’atelier vélo !) et fumer des clopes en admirant les montagnes. Je suis bien contente à l’idée de revenir vous saluer quand ma route me mènera dans le Sud-Ouest !