Dans le massif des Écrins se donnent à voir des milieux de vie en pleines métamorphoses.
Les forêts grimpent, les sommets se délitent et les glaciers tremblent. Telles les sentinelles des Alpes, ces forteresses de givre sont à l’avant-poste de bouleversements qui ruissellent dans tout le massif. Le roc aquatique disparaît dans une fureur silencieuse, qui agit en cascade et affecte les trajectoires de tous ceux qui se trouvent réunis sur ces parois verticales.
Depuis ce point de vie, où s’offrent les spéculations sur les transformations à venir et les moyens pour y répondre, nous travaillons à la création d’un espace de recherche. Cet espace est pensé comme un laboratoire d’altitude, où s’étudient et s’expérimentent les secousses qui agitent les Alpes.
Notre résidence au Bel Ordinaire nous offre l’occasion d’arpenter et de nous lier durant quelques semaines à un autre territoire de montagne. Ce temps de recherche sera consacré à établir des zones de frictions précises où peuvent se rencontrer les arts vernaculaires alpins et pyrénéens avec le design spéculatif. Nous dresserons une cartographie de savoirs, savoir-faire matériels et immatériels qui, réactualisés, pourraient nous orienter dans les perturbations qui frappent nos massifs.
Dans cette archéologie des mondes à venir – fait du brouillage du dualisme de l’art et de l’artisanat - la matérialité sera déterminante. Nos recherches seront ainsi constituées de matériaux biosourcés, organiques et vivants pour certains.