Ce temps de résidence au Bel Ordinaire constitue l’activation du duo gen・Z - Emma Cozzani et Simon Zara - et l’élaboration d’une posture commune, d’une mise en dialogue et en partage de nos pratiques propres venant de la recherche théorique et de la création visuelle. La curation d’exposition et l’écriture sont pour nous des outils de réflexion et de pratique nous permettant de provoquer des ouvertures et des connexions inattendues. Nous souhaitons développer un projet d’exposition questionnant le primat de la vision humaine et explorant les potentiels de l’image et leurs propensions à rendre visible un autre point de vue.
Des premières peintures rupestres à l’imagerie générée par ordinateur, l’être humain produit des images qui l’accompagnent, avec lesquelles il pense le monde et qui adoptent tour à tour divers rôles au gré des contextes, des temporalités et des cultures : intermédiaires au sein d’interactions sociales, icônes, objets de savoir, indices… Aujourd’hui, nous pouvons considérer les images comme acteurs de notre environnement quotidien. Paradoxalement, leur multiplication et leur prolifération s’accompagnent d’une forme de brouillage de leurs référentiels historiques : que voit-on ? Depuis quel point de vue incorporé, situé ?
Par extension, l’exposition comme hypothèse de recherche permet d’interroger des modes perceptifs élargis au non-humain et de questionner la manière dont les technologies façonnent notre perception du réel, et étendent le champ du visible tant conceptuellement qu’au travers de l’articulation d’œuvres entre elles.
Que serait une exposition qui déploie ainsi une autre vision, par le prisme d’œuvres d’art questionnant les limites perceptives de l’être humain et révélant des mondes invisibles ? Comment les artistes s’emparent-ils des outils et des nouvelles technologies de vision et d’enregistrement du réel (caméra thermique, caméra infrarouge, IA…) afin de créer des imaginaires alternatifs et d’ouvrir de nouveaux territoires de perceptions et de pensées ?
Durant ce temps de résidence, nous serons en dialogue par l’arpentage de textes, la constitution d’une bibliothèque commune à notre duo, la création d’un carnet de recherche évolutif mêlant références visuelles et théoriques, l’écriture d’un format podcast permettant d’expérimenter un rapport fictionnel à la recherche.
L’atelier-laboratoire devient le réceptacle de nos recherches se déployant dans l’espace autour de textes, de notions, de sons et d’images fixes et en mouvement.
Après notre résidence, août 2021 :
Ce premier temps de résidence nous a permis d’une part de nous rencontrer, et d’autre part d’acter la création du duo gen・Z. Nous avons établi une posture commune, mis en dialogue nos recherches et élaboré des méthodologies de travail à la croisée de nos pratiques respectives. D’autre part, ce temps passé dans l’espace de l’atelier et en repérages dans les espaces d’exposition nous ont permis d’affiner nos intentions curatoriales, et d’ouvrir une perspective de recherche par la fiction et dans la fiction.