Les images sont des médiations entre le monde et les êtres humains. L'homme "existe", c'est-à-dire que le monde ne lui est pas immédiatement accessible et qu'il a donc besoin d'images pour le comprendre. Mais dès lors, les images s'interposent entre le monde et l'homme. Censées être des cartes, elles se transforment en écrans : Au lieu de représenter le monde, elles l'obscurcissent jusqu'à ce que la vie des êtres humains devienne finalement fonction des images qu'ils créent. Les êtres humains cessent de décoder les images et les projettent, toujours codées, dans le monde "extérieur", qui devient lui-même une image - un contexte de scènes, d'états de choses. Cette inversion de la fonction de l'image peut être qualifiée d'"idolâtrie" ; nous pouvons observer ce processus à l'œuvre aujourd'hui : Les images techniques qui nous entourent actuellement sont en train de restructurer magiquement notre "réalité" et de la transformer en un "scénario d'image globale". Il s'agit essentiellement d'une question d'"amnésie". L'être humain oublie qu'il a créé les images pour s'orienter dans le monde. N'étant plus capable de les décoder, sa vie devient fonction de ses propres images : L'imagination s'est transformée en hallucination.
Vilém Flusser, Vers une philosophie de la photographie

Pour ce premier séjour de recherche et de création, je serai occupée à deux projets distincts. D'une part, composer des retables photographiques à partir de prise de vue argentique de super-ordinateurs et leurs matérialités prises en 2024 ; et réaliser des sérigraphies de certaines de ces images au graphite, matériau conducteur d'électricité.
D'autre part, je souhaite reprendre des protocoles de dessins que j'ai mis en place il y a 10 ans pour réaliser de nouveaux dessins avec de nouveaux matériaux provenant techniques diversifiées: cordeau à tracer, pigments pour ces mêmes cordeaux, graphite etc.