• AINSI SOIT-IL • Recherche, écriture et lancement d'un projet autour de nos morts.
Photographie argentique & témoignages sonores.
En décembre 2022, à l'aube de mes 40 ans et alors que je viens de frôler la mort, je me retrouve par un concours de circonstances dans le salon d'un médium. Selon ses dires, un ancêtre présent pendant la séance veille sur moi. Il s'agirait de Ricardo, mon grand-père paternel catalan, décédé prématurément. Le médium me suggère d'entretenir un lien avec lui en brûlant régulièrement une bougie en son honneur. En ''ré-instaurant'' ce défunt grand-père, j'ai donné une autre dimension à ma vie, plus dense, plus profonde où morts et vivants cohabitent et s'entraident.

De la même manière que la thérianthropie d'HOMO BESTIA (voir portfolio) donne accès à une autre manière de percevoir le réel, d’habiter et de traverser le monde, force est de constater qu'incorporer la mort à notre existence change fondamentalement notre vision des choses.
Je souhaite mettre à profit ce premier séjour au Bel Ordinaire pour faire un travail de défrichage parmi la documentation compilée mais aussi amorcer mon enquête. En effet, j’irai à la rencontre de personnes qui ont envie, non pas de témoigner sur leur deuil, mais sur les relations qu'elles entretiennent avec leurs défunts au travers de rituels, d'objets hérités, de photographies. Questionner de quelle manière l’inventivité à laquelle nous "contraignent" nos morts est réparatrice et dispensatrice de bienfaits.
J'ai à cœur également de donner à voir comment les morts ''vivent en nous'', comment ils nous influencent, nous façonnent : des gestes, une façon de parler ou de penser, une fidélité à certaines choses et à certains lieux. En somme, je souhaiterais témoigner de la permanence des échanges entre les vivants et les morts et comment cela peut nous rendre la vie plus légère.
L’écrivaine Vinciane Despret dit : « Renouer avec la joie, c’est-à-dire avec la vitalité, requiert d’accepter de renouer avec la joie, non pas en dépit de la mort, mais avec la mort. On n’efface pas la mort, mais on l’intègre à notre existence».