Aujourd’hui, en tant que réfugié, je suis privé du droit de sortir de France. Depuis sept ans, je ne peux pas quitter le territoire. Pression psychologique, émotions complexes, la frontière exerce sur moi un sentiment de peur et de tension mentale, mais elle est également un endroit complexe suscitant ma curiosité. Cette situation m'a permis de réfléchir à l'existence des frontières sous un angle matérialiste. Où nous trouvons-nous exactement lorsque nous sommes situés sur la frontière ?
Depuis un an, dans le cadre du projet D’ici à ici, j'ai entrepris plusieurs randonnées expérimentales le long des frontières au cours desquelles, j’ai amorcé des recherches autour de la matérialité des frontières en longeant ces dernières à pied, aiguillé par un GPS et bivouaquant sur place. Puis j'ai déplacé des éléments naturels de part et d’autre de cette frontière en composant diverses mises en scène. Enfin, j'ai cherché à enregistrer les sons entendus depuis la frontière ou depuis des objets installés sur cette dernière.
Ce projet questionne les relations qu’entretiennent les frontières et l’atmosphère qui les entoure. Mes observations se concentrent sur les tensions matérielles et psychologiques entre le caractère flou et ambiguë des frontières dans la nature et leur délimitation précise sur les cartes.
Pendant cette résidence au Bel Ordinaire, j’aimerais réaliser des installations multimédias à partir des matériaux obtenus pendant mes voyages.