Je travaille à la fabrication d’images.
Elles viennent d’abord d’un désir, physique, comme un creux, qui définit l’état de corps nécessaire à leur réalisation.
Elles traversent la photographie, la sculpture, l’architecture, le théâtre, la peinture, la littérature.
Elles configurent un espace qui ressemble à notre monde, parce qu’il en procède ou le décrit. Mais elles montrent toujours les ficelles de la machinerie qu’il a fallu mettre en place pour qu’elles existent. Cet espace qu’elles configurent est celui de la fiction.
L’image se donne finalement dans un renversement — comme si, dans la complexité que je cherche à y nouer, elle faisait voir en même temps son envers et son endroit.
Pour ma résidence au Bel Ordinaire, je déplace mon studio pour réaliser quatre images. Elles devront représenter une même figure humaine qui, par les moyens que son corps lui offre, traverse le cadre de l’image. Je veux représenter l’effort d’un corps pour continuer de se mouvoir, le calvaire infini d’un pénitent, le chant d’un bandit de l’ouest, la conquête d’un faiseur.