Mon intérêt pour l’archive tient, entre autres, aux lieux communs qu’elle entretient avec l’objet, en tant que chose matérielle dont on peut se saisir et que l’on peut s’approprier. Se pencher sur l’objet, c’est une manière discrète d’étudier ses usagers, d’accéder par l’intuition à des savoirs internes et collectifs.
Ma recherche au Bel Ordinaire va s’appuyer plus précisément sur le fond des Archives Communautaires. Observer l’archive à travers ses mécaniques d’inventaire, de collection et de conservation comme autant de pratiques domestiques, intimes qui relient l’humain à sa propre histoire. Le classement, le gabarit, le calibrage au service de l’ordre génère malgré tout un espace pour la marge. La marge donc, au sens propre comme au figuré, abrite un espace privilégié où échouent les signes discrets de la sphère privée et sociale, des bribes d’existences individuelles qui renseignent sur les usages variés et intimes du langage, des cultures, de leurs cohabitations.
C’est dans ce terrain que je choisis de creuser. Il s’agira de mettre en forme ces usages des marges, de les rendre audibles.
note d’intention 2018