Cette résidence au Bel Ordinaire va me permettre d’effectuer des recherches plastiques et acoustiques, pour une installation vidéo, en vue d’une exposition au centre d’art Image/Imatge d’Orthez au printemps 2022. Dunking Island cherche à retranscrire une dérive dans l’océan Atlantique, aux abords de l’Île de Gorée, située dans la baie de Dakar au Sénégal. Le point de vue est celui de l’océan qui monte et érode millimètre après millimètre l’île mémoire de la traite négrière. Une augmentation du niveau de la mer de 3.3mm/an, 265 milliards de tonnes de glace qui fondent chaque année dans les océans ; la montée du niveau de la mer se joue à des échelles qui oscillent de l’infime au gigantesque. Des échelles qui, en dépassant l’une comme l’autre notre perception humaine, invisibilisent ce phénomène climatique que l’on aborde toujours depuis le littoral. J’aimerais décaler ce rapport aux enjeux climatiques en adoptant un autre point de vue, celui de l’océan. Je travaillerai à partir d’images subaquatiques tournées en juillet 2021 dans la baie de Dakar lors d’une résidence à Kër-Thiossane. Je pourrai ainsi éprouver le dispositif vidéo multi-écrans, et travailler la composition sonore multi-points avec Valentin Ferré, plasticien sonore avec qui je collabore depuis 2012 pour toutes les créations sonores de mes œuvres (marches sonores, films, compositions électroacoustiques).
Dunking Island entend développer à la fois un rapport poétique tout en révélant la dimension politique des fonds sous-marins. En effet il s’agit d’une part d’envisager les fonds sous-marins comme des paysages en soi, à rebours des représentations habituelles, et de proposer une mise en perspective différente des problématiques environnementales contemporaines qui échappent au temps du regard. En jouant d’une poésie de l’enfouissement, de l’alternance de points de vue, de la perte de repère, Dunking Island cherche une plasticité dans ce qui n’est pas palpable.