Artiste plasticienne, je m'intéresse aux relations entre l'homme et son environnement, en particulier face à la crise climatique. Mon travail est influencé par mes dix ans comme guide nature au Parc naturel régional du Marais poitevin, où j'ai acquis une connaissance approfondie de la faune, de la flore et de l'histoire de ce lieu. Mes projets visent à sensibiliser à la méconnaissance humaine de son propre territoire. Inspirée par des figures mythiques et philosophiques, je crée des œuvres qui mêlent spiritualité et techniques de survie imaginaires. Mes créations, souvent sculpturales ou performatives, cherchent à instaurer de nouvelles relations harmonieuses entre humains et nature. Je crée des récits fictifs en me projetant dans un avenir complexe qui est celui qui se dessine pour nos générations et celles du futur. Je cherche à m’émanciper symboliquement d’une société destructrice du vivant par des dérives en radeau et la fabrication obsessionnelle de kits de survie ou de rames pour se préparer à la montée des eaux. Je fabrique en ce moment une tente deux places à échelle 1 brodée d’une fresque dystopique et des cerfs-volants comme outils performatifs et/ou militants.

Ma présence au Bel Ordinaire s'inscrit dans le dispositif Élan, résidence itinérante artistique dans 3 lieux de Nouvelle-Aquitaine : L'Agence culturelle Départementale Dordogne-Périgord, Chabram2 et le Bel Ordinaire. Ce dispositif a pour objectif de soutenir une jeune démarche artistique.

Après ma résidence, mars 2025 :
Le dispositif Élan, résidence itinérante entre 3 structures culturelles du territoire de Nouvelle-Aquitaine à destination de jeunes artistes sortant d’école est un dispositif auquel j’ai candidaté à un moment où mon enthousiasme s’amoindrissait. La désillusion de la vie d’adulte fut tristement dure à assumer, et particulièrement celle liée au métier d’artistes-auteur.ices. Pourtant, nous avions anticipé, mes ami·e·s et moi, les difficultés qui surgiraient à nous. Nous avons monté un collectif et nous nous sommes jeté.es dans le monde professionnel. Nous avons disséqué les méthodes de fonctionnement du système culturel dans l’objectif de réaliser des projets en plus de nos projets personnels. Nous avions anticipé que rien ne se réaliserait simplement, car le secteur culturel est constamment sous pression. J’ai donc répondu à cet appel à candidature dans un état d’esprit d’abattement certain. Puis, finalement, l’appel téléphonique quelque temps après m’a grandement émue et m’a redonné force et vigueur en ma pratique artistique personnelle.

La première quinzaine à l’Agence culturelle Dordogne-Périgord a été passionnante, car j’ai eu le temps de me consacrer à mes projets et d’accompagner Violaine Marolleau dans ses déplacements vers les différentes structures, acteurs et artistes que l’Agence accompagne. Il y eut beaucoup d’échanges et de discussions intéressantes.

J’ai vécu la deuxième quinzaine au Bel Ordinaire comme une véritable chance. Les artistes sont souvent amené·e·s à partager ce genre de retour, j’imagine, mais le BO est un Eldorado : un atelier ultra équipé, un soutien technique assuré par des expert·e·s qui maîtrisent tout, des artistes en résidence captivant·e·s, et un accompagnement avant, pendant et après très organisé. Chaque détail a été soigneusement pensé pour que rien ne soit laissé au hasard, ce qui est particulièrement impressionnant. On a l’impression d’être face à une machine parfaitement rodée et fluide, fonctionnant avec une grande précision depuis longtemps.

Pendant cette quinzaine, j’ai fait la rencontre de deux autres artistes en résidence, Clara Denidet et Julie Hascoët. Elles m’ont accompagnée dans mes réflexions et je leur ai fait part de mes doutes et mes incertitudes liés au métier. J’ai adoré découvrir leur travail et j’ai eu des conversations très riches avec elles deux. Particulièrement avec Clara où nous avons été en profondeur sur certains sujets et notamment sur mes projets. Romuald et Adrien ont aussi pris le temps de me donner des avis ou des remarques critiques sur mes idées et j’ai particulièrement apprécié d'être influencée par eux. Ces moments privilégiés sont rares, sortis d’école. Leur aide technique sur certains outils, leurs idées pour solutionner certains problèmes et leur bienveillance fluidifie la relation des artistes avec leurs œuvres. En clair, je suis extrêmement reconnaissante d’avoir eu la possibilité de traverser ces espaces et de rencontrer l’équipe du BO. Je vous remercie très sincèrement et j’avoue espérer y revenir un jour, car les conditions de travail sont idéales.
Camille Douville