Mon séjour au BO sera l’occasion de poursuivre une expérimentation libre de tout programme, au contact direct de l’environnement et de mes idées. Je veux trouver les matériaux de mon intervention directement sur place, dans la ville, à l’extérieur de la ville, à la limite entre les deux, dans l’ennui de l’atelier, ou même dans le train qui m’emmènera à Pau.
Dans beaucoup de mes travaux, c’est un signe venu du monde extérieur qui donne forme à mon idée : une image ramassée puis réutilisée, des pictogrammes empruntés, des déchets singulièrement agencés. Ramenés dans l’atelier, démontés, démultipliés, associés, rendus à l’espace, ils deviennent agents d’une recomposition du réel, qui subvertit la vision, autant que notre usage habituel d’un lieu d’exposition.

Plus encore que le contenu, c’est la forme du dispositif de mes travaux qui se détermine en prise directe avec la réalité : choses affichées, imprimés gratuits, objets abandonnés, images détournées, collages incongrus, supports de communication dénudés, dispositions aléatoires d’éléments aux fonctions diverses… Toute forme non conventionnelle que la vie offre à notre expérience y trouve donc un intérêt central : celui d’altérer profondément notre habitus, et de brouiller toujours tout message.
Si le medium est déjà le message, il s’agira ici de mettre en crise l’existence même des signes les uns aux côtés des autres, jouer de la manière dont ils se battent pour exister et pour dire, dire quoi au juste ? Qu’est-ce qui peut encore être dit ?