« Annabelle Arlie, née en 1986 et basée à Tarbes, réalise des assemblages composés de matériaux de récupération et d’objets de grande consommation. Vieux disques vinyle, matériel de sport usagé, coupons de tissus aux motifs et aux matières improbables, planchettes de contreplaqué ou d’agglo – restes de meubles bon marché achetés dans les centres commerciaux environnant, promesses d’une vie bien rangée au meilleur prix – composent le vocabulaire de cette jeune artiste dont l’oeuvre dialogue constamment entre l’image et le volume, à l’image de son tumblr fourni où quasi chaque jour apparaissent de nouvelles compositions éphémères selon ce qui se trouve à ce moment là dans son studio. Revendiquant l’économie des moyens utilisés, Arlie joue finement sur la limite entre l’obession vintage du hipster et le franc mauvais goût. Elle reformule ainsi la question du kitsch qui traverse l’histoire de l’art depuis les années 80, de Jeff Koons à Heim Steinbach, de Sylvie Fleury à Rachel Harrison, s’attaquant parfois de façon oblique aux stéréotypes de race, de genre et de classe qui peuplent les acquisitions quotidiennes de la classe moyenne blanche des petites villes européennes (le disque de Michael Jackson, le fauteuil en rotin, le tapis de bain tournesol). »
Dorothée Dupuis