Après la tempête, au bord de la mer Baltique, les côtes polonaises se parent de pièces d’ambre échouées sur les plages. La récolte se déroule à l’aube ou à marée descendante, seul.e ou en petits groupes formés sur Facebook. Pour trouver les plus belles pièces, il faut savoir lire les signes, reconnaître le bruit des vagues, la manière que les mouettes ont de voler en cercle, prédire les orages, connaître les vents …
De retour d’une résidence au ŁAŹNIA Center for Contemporary Art, Gdansk (PL) après une série de tempêtes et d’inondations, de chasse à l’ambre à la lueur des constellations Starlink et d’étude du cinéma de série-b à l’époque soviétique, je viens au Bel Ordinaire étudier la Superstorm. C'est une figure introduite dans le livre Superstorm - Design and politics in the age of information de Noemi Biasetton paru en 2024, décrivant les logiques algorithmiques du web 3.0, avec laquelle je tisse des liens avec ma pratique du field recording - enregistrement de terrain - hertzien comme manière de m’inclure dans une veille météorologique.
Aux carrefours potentiels des criques que l'on se conseille à demi-mot comme un coin à champignon, de la poésie d'Adam Mieckiewicz et des récits post-romantiques infusant les racines adolescentes du web 3.0, la superstorm semble être un outil critique pour penser les nœuds politiques et narratifs que les "trends aesthetics" internet entretiennent entre héritage et actualités.
Sculptures documentaires aux allures de contes, autopsies d’objets industriels, romans internet, cinéma sans son et sans image, radio pirate et cages de faraday, mes pièces s’arrachent au réel et puisent dans la science-fiction et le cinéma de genre un ensemble de signes culturels déplacés à la lumière d’histoires contemporaines. Entre sculptures et installations multimédia, je mets en récit et interroge le potentiel narratif et cinématographique de matière documentaire que je récolte lors d’enquêtes au long cours.
Résidence soutenue par la Région Grand-Est et la HEAR