Cette résidence au Bel Ordinaire est l’occasion d’une recherche sur une technique nouvelle pour moi : la sérigraphie. Cette recherche s’inscrit dans la continuité de ma pratique picturale, tant au niveau des problématiques que du questionnement sur les matériaux de production. La question du support, des matériaux et des techniques est intrinsèquement liée à ma pratique picturale. L’idée de la résidence est d‘installer un laboratoire de fabrication artisanale d’encres de sérigraphie, à base d’éléments végétaux ; les mêmes végétaux que j’utilise pour les teintures de mes toiles, afin de les expérimenter dans la réalisation de tableaux, dans la continuité d’un projet comme silva.

Ma pratique de la teinture n’est pas académique et laisse place à l’aléatoire. C’est un travail d’atelier en mouvement permanent, avec l’échec et le test comme sources d’inspiration. Les techniques de reproduction comme l’empreinte, l’estampe, la photographie sont déjà présentes dans mon travail. Elles viennent se mêler aux tableaux dans mes installations récentes, Atelier et silva, pour multiplier points de vue et illusions, et perdre les regardeurs.

La sérigraphie, comme technique de reproduction, déjà expérimentée lors de ma formation en design textile à l’ENSAAMA, serait une ouverture qui pourrait enrichir ma pratique picturale, offrant d’autres possibilités comme la réalisation de motifs imprimables sur différents tableaux, de répétitions et de combinaisons de motifs qui prolongeraient l’idée de mobilité d’un tableau à l’autre, et de tableaux modulables. Je prends la résidence comme une véritable page blanche qui va me permettre d’ouvrir ma pratique à un nouveau médium tout en acceptant de me laisser surprendre au gré des expérimentations et d’envisager d’autres ouvertures possibles.

Après ma résidence, octobre 2021 :

Pendant ma résidence au Bel Ordinaire j’ai investi l’atelier de sérigraphie avec deux objectifs. L’un, technique, était de mettre au point mes encres végétales, issues des mêmes matières premières que celles utilisées pour teindre mes toiles. L’autre était de penser cette technique au regard de ma pratique.

L’image d’un plissé, au départ motif aléatoire, extrait d’une photographie d’un tableau existant, est devenu motif répété, un pattern imprimé sur les toiles préalablement teintes. La pratique d’atelier durant ces deux semaines a révélé de manière empirique les aléas de la sérigraphie elle-même, et des encres fabriquées, les traces d’usure, les défauts qui naissent de la multiplication du report. Ainsi le drapé apparaît d’une répétition et de son épuisement.

Cette résidence était une résidence de recherche, les travaux qui y ont été produits intégreront mes tableaux et installations, en cours et à venir.