L’habitat m’évoque ce qui, tout à la fois, protège et enferme. J’ai commencé à travailler avec des matériaux de construction pour les Réclusoirs, un projet de sculptures que je souhaite réaliser sous forme de performances dans l’espace public. Ces abris rudimentaires, sortes de carapaces humaines dont le titre fait référence au petit édifice clos dans lequel s’enfermaient les pénitentes du Moyen-âge, sont pensés pour être bâtis par le reclus lui-même autour de son propre corps ; ce qui n’est pas sans rappeler le récent confinement ou les logements précaires proliférant dans les grandes villes.

Après une première expérimention à partir de 500 briques, je souhaite réaliser d’autres constructions plus élaborées et inspirées de structures organiques. À travers ces architectures, je cherche également à questionner des formes plus contemporaines et technologiques d’enfermement. Je souhaite profiter de l’accompagnement de cette résidence au Bel Ordinaire pour penser un projet de réclusoir en bois et réaliser une première maquette à petite échelle.

Après ma résidence, juillet 2021 :

Je suis arrivée au Bel Ordinaire avec peu de bagages et l’esprit ouvert. Pour une fois, je ne voulais pas trop préparer les choses afin de rester dans une logique de recherche et non de production. J’avais dans l’idée de penser une structure pour une construction de réclusoir en bois. En travaillant avec du carton pour fabriquer des maquettes, j’ai réalisé au bout de quelques jours que ce matériau m’intéressait bien davantage. La simplicité du carton, sa pauvreté et sa légèreté sont dans le prolongement des papiers que j’utilise pour mon travail de dessin. Ce produit de base évoque aussi les transports et les déménagements, il est la matérialité même du E-commerce et il sert parfois à construire les abris les plus rudimentaires.

J’aimerais travailler mon « architecture » par strates, en jouant avec la diversité des types de cartons (plat, laminé, ondulé, alvéolaire etc. ) pour créer une sorte de motif qui peut évoquer un tissu, un vêtement. Cette structure en superposition de couches rend également la construction simple et solide.

Le BO a été une respiration qui m’a permis de prendre du recul et de remettre en question mon idée initiale. En plus de ça : la découverte d’une région que je ne connaissais pas, de vrais échanges avec les autres résidents et une équipe qui donne envie de revenir.

Amélie Scotta