J’explore dans mon travail artistique, les notions de ruralité, de paysage, de campagne.

De 2017 à 2019, j’ai habité dans une zone géographique rurale et isolée, dans le nord-est de la France. J’y ai commencé un travail d’écriture et de photographie, que j’appelle Ouverture à l’Aube. Je m’interroge sur quelques sujets avec des questions sur les classes sociales, pourquoi les usines de choucroute ça pue, où est la culture, sur le changement de décor, sur le romantisme agricole, comment se présente-t-on à la rencontre, trouver le beau dans la merde, des émotions face aux arbres, la curiosité est-elle un luxe ? Avec ce projet, j’ai été invitée à publier des textes dans les revues de littérature et de poésie contemporaine Boxon, Sur la page abandonnées et Gros gris. J’ai aussi participé à des expositions à l’atelier VàV à Lyon et à l’Espace Eeeh ! La Grenette, à Nyon en Suisse.

Au Bel Ordinaire, je vais poursuivre mon travail de documentation, ajuster mes textes, travailler sur mes images et surtout créer un projet éditorial car j’aimerais faire émerger une nouvelle forme dans ce projet : un livre.

Après ma résidence, mars 2020,

Le 24 février 2020, je suis arrivée à Pau et c’était alors la première fois que je voyais cette drôle de ville. Avec les palmiers entre la gare et la ville et cette espèce de montagne soudaine sous lesdits palmiers, j’étais toute étonnée. On pourrait dire « Pau, une ville posée sur des longs palmiers ». J’étais bien heureuse d’être enfin là. Mon voyage en train avait sûrement été l’un des plus plaisants. Je venais d’Arles et après avoir suivi un petit bout de la Méditerranée, nous avions longé pendant de longues heures touuuute l’incroyable chaîne des Pyrénées. Et il faisait si chaud !

Le 25 février 2020, une visite des lieux et une rencontre de toute l’équipe plus tard, j’installais mon petit matériel sur mon très grand bureau dans mon très grand atelier numéro 1.

Je suis une artiste sans atelier, c’est-à-dire que j’organise, dans les différents lieux de vie que j’ai habité, des espaces de travail temporaires ; souvent ils bougent au fil des mois et des usages collectifs des pièces de vie. Aussi, les moments de résidences, en particulier de recherche, permettent des apartés où tout est dédié aux questions et aux réponses potentielles, avec comme outil l’art, le temps et l’espace.

Avoir un si grand atelier au Bel Ordinaire a été très riche pour moi. Le premier jour, je me demandais comment j’allais adapter mon échelle de travail (des post-it, des tirages de photographies, mon cerveau, du papier, un ordinateur portable) à l’immense espace qui m’était réservé. J’arrivais avec beaucoup de matière textuelle et photographique, que j’avais produite ces deux années passées et dont je voulais faire sortir un nouvel objet. Les textes et les photos c’est pas très gros. J’étais là pour réfléchir, ranger, arranger, bricoler, et donner une potentielle forme.

En fait, au fil des jours, je prenais la mesure du confort qu’apportait le grand vide de l’atelier numéro 1.

Chaque matin, je pouvais retrouver dans l’état de la veille mes étalages d’images, mes notes sur post-it, mes gribouillis sur brouillons aux murs, mes textes pas finis rangés en désordre dans mon disque dur rangé en désordre sur mon bureau lui aussi rangé en désordre.

Petit à petit, les moments d’écriture, les moments d’organisation, les moments de lecture et les moments d’assemblages s’articulaient dans mes journées et prenaient de plus en plus de place (physique) dans l’atelier. Petit à petit, la machine se mettait joyeusement en route. Petit à petit, j’envahissais les murs.

Aussi, la graphiste Sophie Cure qui est venue partager l’atelier numéro 1 avec moi, était une colocataire d’atelier studieuse et enrichissante, et Clara Denidet et Inès Lavialle, toutes deux en résidences dans les autres ateliers, partageaient avec nous le quotidien. Cette cohabitation avec d’autres artistes et les discussions qui en naissent font, je crois, la richesse du Bel Ordinaire.

Je suis repartie plus vite que prévu pour cause de confinement quasi-immédiat mais en ayant beaucoup avancé sur mes écrits, la sélection de mes images et mes idées de formes pour un nouveau projet éditorial, pourquoi, pour qui, avec qui, pour quand. Affaire à suivre, donc !