Née en 1986 et basée à Bobigny. Son travail est représenté par la galerie Éric Mouchet, Paris, depuis 2018.
Capucine Vever est une artiste plasticienne qui développe une démarche contextuelle s’intéressant à la notion d’invisible, d’inatteignable et d’imperceptible. Son travail s’élabore fréquemment lors de résidences de création et s’attache à ausculter les interactions entre environnement géographique et activités humaines. Sa pratique s’engage dans un rapport poétique en exploitant le potentiel narratif de chaque espace. Ses œuvres procèdent par collages, analogies, frottements permanents entre réalité́ et fiction, recherche scientifique et narration, cartographie et légende, déplacement et immobilisme.
The Long Lost Signal – 2012 > 2015 – a consisté à suivre la dérive d’une boîte noire géolocalisée dans l’Atlantique. Le 27 février 2012, jour de la mise à l’eau, l’œuvre est abandonnée à l’embouchure du fleuve la Vilaine (Morbihan). Elle contient alors un élixir olfactif accompagné de l’inscription
«SMELL ME, NOT POISON. IF YOU FIND THIS BOX,
MAIL TO thelonglostsignal@gmail.com» .
Ce fleuve tiendrait son nom en la mémoire d’une jeune fille disgracieuse qui aurait tant sangloté en espérant obtenir l’attention d’un beau seigneur que de ses larmes aurait jailli la rivière. L’élixir olfactif contenu dans la boite noire est un concentré de phéromones humaines, obtenu par la récolte de larmes émotionnelles. Comparables aux hormones, les phéromones sont des substances chimiques perçues par l’odorat qui agissent comme des messagers entre les individus d’une même espèce.
Tel un hommage à cette demoiselle que le seigneur n’a jamais daigné regarder, cet élixir olfactif s’est déplacé à vau-l’eau dans l’Atlantique, au gré des vagues et des courants, à la recherche de curieux qui ont ouvert la fiole contenant la potion ensorcelante. Trouvée à plusieurs reprises, cette boîte énigmatique et anonyme est devenue catalyseur d’imaginaires – la boîte a été perçue à la fois comme un acte terroriste et comme un programme scientifique permettant d’analyser la dérive des déchets. Ces rencontres impromptues, au milieu de l’océan, ont nourri le récit de sa dérive autant qu’elles ont influencé le statut de l’objet.