Franco-britannique née en 1976. Vit et travaille à Londres, Royaume-Uni.
 
L'œuvre d'Alice Anderson, plasticienne et vidéaste, réinterprète son enfance et ses récits. Adepte des métamorphoses, des jeux d'échelles et de miroirs, l'artiste s'est inventé plusieurs alter ego dotés de longs cheveux roux soumis à des jeux de poupée plus proches d'Hans Bellmer que de Walt Disney. Toute en tensions et en contrastes, son œuvre est tissée d'histoires cruelles et de présences paradoxales. L'artiste a exposé au MNAM-Centre Pompidou à Paris (2010), à la Whitechapel Gallery, au Freud Museum à Londres (2013-2014), ainsi qu’à la 55ème Biennale de Venise en 2013.
Raiponce ou Rapunzel en allemand, est à la fois le titre de l’œuvre présente dans l'artothèque et l’héroïne d’un conte. Ce conte évoque une princesse enfermée dans une tour. Elle y vit cloîtrée, mais sa longue chevelure permet à son prince de grimper comme à une corde, pour la rejoindre dans sa prison. Mais si cette sérigraphie évoque au premier abord cette histoire, la réalité est tout autre et finalement, bien plus tragique. L’image de cette fille prise dans ses cheveux, comme Ophélia flottant morte sur un cours d’eau, qu’évoque l’artiste pré-raphaélique John Everett Millais, est placée dans une sorte de porte au contour blanc. C’est bien une porte qui s’ouvre sur cette image, mais la porte de l’innommable, celle d’un four crématoire. Alice Anderson nous parle de l’horreur de la Shoah en se basant sur ce conte. Les longs cheveux de Rapunzel évoquent les masses de cheveux coupées des personnes tuées dans les camps d’exterminations par les nazis. Au milieu de ce grand aplat noir du deuil, une porte s’ouvre sur une image, image nous rappelant notre devoir de mémoire.