Né en 1981, vit et travaille à Paris.
Depuis 2016, Nelson Aires utilise du sang au sein de ses productions picturales et sculpturales. Grâce à différents procédés, il ne cesse d’explorer les possibilités techniques et esthétiques offertes par ce fluide organique, cherchant à rendre à nouveau visible le caractère positif et sacré de ce précieux liquide, tout en questionnant les liens unissant l’art et la vie, et des notions telles que la tradition, l’empreinte et le territoire.
Le multiple Polukrômos est issu de l’installation picturale du même nom, qui forme un système modulaire et modulable permettant de pouvoir investir un lieu ou un espace de façons différentes, à partir d’une même série d’éléments déjà produits, afin de proposer des expériences inédites.
Les toiles libres composant l’installation ont été réalisées sur des textiles colorés, dont les teintes ont été choisies en relation avec le matériau récurent dans ma pratique : elles incarnent toutes des couleurs en lien avec différents états - réels ou symboliques - du sang, à savoir le rouge du sang liquide ; le marron du sang séché ; le bleu et le violet des hématomes ; le bleu du sang bleu ; le bordeaux du vin… Néanmoins, il ne s’agit pas d’exploiter une vision funeste de l’hémoglobine, mais plutôt de rendre à nouveau visible le caractère positif de ce précieux liquide sans lequel la vie est impossible. Une certaine forme de sublimation en somme, présente à plusieurs niveaux.
Le matériau en lui-même est magnifié, puisque montré sous une forme difficilement identifiable, libéré des connotations négatives lui étant associées. Le détournement d’une technique de teinture japonaise par pliage - le shibori - permet d’obtenir une série d’une cinquantaine de motifs différents (à partir d’une même trame triangulaire). Ces ornements, à l’aspect géométrique et/ou organique, permettent au sang de se doter d’une dimension décorative (renforcée par l’utilisation des tissus colorés), renversant alors le répulsif en attractif. De plus, l’emploi de ce liquide rouge comme matériau de création permet de le déclasser : du déchet de l’abattage, il devient médium artistique, renouant ainsi avec l’idée d’une source de création.