Vit et travaille à Rennes. Diplômé de l’EESAB - Site de Lorient en 2017.

L’étude du territoire est à l’origine de l’ensemble de mes travaux. Les espaces que je traverse lors de mes ballades solitaires ont une caractéristique commune ; ils sont abandonnés à un certain moment de l’année ou ils ont été désertés. Ainsi, j’arpente les villes balnéaires en hiver, les stations de ski en basse saison, les lotissements en semaine, les paysages agricoles le week-end.
De manière méthodique, je prélève, je note, je recense, je classe et je collectionne des formes comme des indices pouvant me servir dans mon enquête sur le territoire. Cette recherche photographique et plastique aborde des questionnements liés à notre manière d’habiter le paysage, de le préserver, mais aussi de le dénaturer. C’est de cet entre-deux dont il est question, de ce juste équilibre entre aménagement du territoire et sauvegarde du patrimoine. Cela passe par exemple, par l’observation de l’activité touristique et de son impact sur l’environnement. L’homme, peu représenté, n’est finalement jamais très loin de par la trace qu’il laisse derrière lui.
De retour dans l’atelier, j’étends cette recherche sur le paysage grâce à l’installation, la sérigraphie, le son et la sculpture. L’utilisation de ces médiums s’explique par le besoin d’apporter une autre dimension au travail photographique et par une réelle envie d’expérimenter sur la conception même de ce qui fait image.

Les maisons endormies : sur le littoral breton, en basse saison, les stations balnéaires se vident et deviennent pendant une partie de l’année de vastes espaces désertiques. Les vacanciers s’en vont, les châteaux de sable s’effondrent. La fermeture des boutiques annonce la trêve hivernale, les pavés des ruelles cessent d’être piétinés, le chahut des enfants laisse place au battement des vagues sur la grève. Le temps ralentit, les jours s’adoucissent et la moiteur s’installe progressivement. Les maisons ferment leurs paupières et s’endorment profondément.
Je scrute ces maisons endormies, les écoute respirer lentement ; chacune semble avoir une histoire à raconter. Avec des taux de résidences secondaires variant de 50 % à 80 % (source : INSEE), ces villes de bord de mer sont devenues des villes fantômes. La population qui y réside tout au long de l’année diminue de jour en jour et sa moyenne d’âge est en augmentation. L’économie, quasi exclusivement tournée vers le tourisme estival, engendre de graves problèmes qui marquent le territoire en profondeur ; la précarisation de l’emploi, la spéculation immobilière et la bétonisation du littoral en sont les principaux. Ces changements brusques modifient le statut de la ville côtière bretonne et altèrent son identité historique.