Né en 1929 à Uzerche en Corrèze, décédé en 2017 à Paris.

Contrairement à de nombreux artistes de sa génération, Cueco est préoccupé par le rôle social de l’artiste et par la réalisation d’une peinture qui ne se satisfait pas de n’être que la déclinaison de la peinture elle-même. Personnalité marquante de la nouvelle figuration, il participe activement au salon de la jeune peinture et à la Coopérative des Malassis, dont il fut membre fondateur en 1969. À partir de ce groupe, il développe une peinture dont la figuration participe à un engagement politique attaché à la nature, aux relations entre hommes et femmes, et au rapport au langage. L’itinéraire de Cueco est fait de ruptures apparentes. Il commence à faire parler de lui dans les années 1950. Mais ce sont les toiles politiques, Les Hommes rouges (1970), nées des événements de 1968, qui lui ont
assuré les débuts d’une reconnaissance publique. Cette série met en scène des silhouettes dépersonnalisées perdues dans des architectures angoissantes et démesurées. Il mène alors une réflexion sur la sérialité et la trame, qui occupe le fond de la toile et finit par en devenir le sujet principal, que ce soit celle constituée par les bâtiments, les claustras, ou les champs d’herbe.

La série de peintures Les Hommes rouges, est exposée à l’ARC au Musée d’Art moderne de la ville de Paris pour la première fois en 1970. Elle donne lieu à une édition de lithographies originales vendues en porte-folio par souscription et reproduisant douze de ces œuvres peintes, dessinées par Cueco sur zinc. Ce porte-folio est donc composé «d’estampes originales » de Cueco, dans la mesure où la matrice d’impression a été réalisée par l’artiste sans recours à un procédé mécanique ou photographique. A l’époque, dans les ateliers de lithographie, on travaillait le plus souvent sur du zinc qui présente les mêmes propriétés que la pierre lithographique, matériau qui était pratiquement introuvable dans ces formats et le zinc plus facilement transportable. L’idée était de diffuser des œuvres à caractère politique faisant la part à l’imaginaire ou au rêve en opposition à la réalité de ces années-là : luttes de libérations ou ouvrières, combats des noirs aux États-Unis, manifestations dans les universités. Ces lithographies également vendues à l’unité ont, au départ, été diffusées dans des circuits ou espaces culturels (Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, par exemple) à des prix très bas. Ce seul et unique tirage de cette série Les hommes rouges a été réalisé dans les ateliers de lithographie de la Maison Mourlot et les planches ont été vendues en souscription en albums de dix, puis de douze planches. L’album comprenait à l’origine les œuvres suivantes : Les Hommes rouges 1, Les Hommes rouges 2, La rue, Manifestation 1, Manifestation 2, Nuées, La grève, La meute, L’université, et une planche de mélange reprenant des fragments de chacune. En 1970, deux autres planches ont été éditées et ajoutées aux albums. Il s’agit de Freud Marx Mao et de L’usinage des roses.