l’oeuvre

Des blocs ajourés se dressent à hauteur de regard. Pour chacun d’eux, deux cornières verticales soutiennent et prennent en tension de lourdes plaques blanches. Elles évoquent des racks, empilements de mémoires
informatiques, des archives, des claies de feuilles de papier. On aperçoit leur surface crépie grossièrement dans les intervalles des rayonnages. L’enduit donne aux plaques des allures de maquettes : le regard s’aventure à l’intérieur de ces reliefs miniatures d’aspect lunaire. C’est comme l’inventaire d’un terrain en friche extensible à l’infini, d’espaces disponibles, d’un sol à occuper.

le lieu et l’oeuvre

Très attachée à l’espace et au territoire dans lesquels elle vient inscrire ses pièces, Jennifer Caubet s’est inspirée du rôle dévolu à l’Hôtel de Ville, le pouvoir administratif et foncier. Elle consulte et accumule dans son atelier des cartes, plans d’occupation des sols, plans d’urbanisme, zonages. De là naît le désir de mettre en forme ces espaces disponibles, désertés, pour construire in situ une sculpture opaque, mystérieuse et forte. De la sculpture émerge un imaginaire lié à la notion de terra incognita, d’un espace en attente. La plasticité des structures renvoie à un univers technologique et ramifié, selon un processus d’abstraction géographique qui n’est pas sans rappeler l’Arpenteur du roman de Frantz Kafka Le Château.